Essai

Difficile au premier coup d’œil de distinguer un Forza 300 d’un 125 tant le copier-coller semble avoir été le modus operandi des ingénieurs japonais. Esthétiquement les deux modèles partagent beaucoup de traits communs. De la face avant avec ce bloc optique full leds (très efficace), en passant par les jantes à 12 bâtons, les larges poignées passager ou encore les arêtes de l’habillage, l’air de famille est évident. Honda a toutefois pris le soin de renforcer le cadre de son 300 cm3 afin d’encaisser les 10 chevaux supplémentaires et supporter le surpoids de 23 kilos.

Argument marketing ?
Outre une identité visuelle forte, un scooter GT digne de ce nom se doit, en 2018, d’afficher certaines spécifications ou caractéristiques tels un coffre sous selle pour deux casques, un système antipatinage (déconnectable), un « contacteur sans clef »... Le Forza 300 coche toutes les cases et rajoute même un inédit pare-brise réglable électriquement en hauteur via un bouton au commodo gauche. Une première sur un scooter qui ressemble - sur le papier du moins - à un argument marketing. Nous verrons à l’usage si cet équipement - dont ne bénéficie pas le X-Max 300 - présente un intérêt réel.

À l’approche
Désormais largement répandue, la smartkey - initiée en 2004 dans le monde du scooter avec un certain Forza 250, décidément ! - apporte toujours le même confort à l’usage. Le boitier électronique dans une poche, il suffit de s’approcher du scooter pour que ce dernier reconnaisse son propriétaire, lui souhaite la bienvenue en activant les clignotants et libère tous les verrouillages. Un gadget que l’on apprécie très vite au quotidien et dont on peine aussi vite à se passer.

Tableau de bord : trop d’infos tue l’info
La nouvelle instrumentation est d’inspiration automobile avec ces deux gros compteurs à aiguille. L’intérêt du compte-tours, à droite, nous laisse toujours aussi perplexe sur un scooter à transmission automatique. Entre ces deux cadrans analogiques, un écran LCD, fournit une foultitude d’informations entre lesquelles il est possible de naviguer à partir de deux commandes au guidon gauche. Totalisateur kilométrique, autonomie restante, consommation instantanée, totalisateur journalier, consommation moyenne, heure, température ambiante, niveau de charge de batterie. Une telle profusion mène à la confusion.

En selle
Première bonne surprise, une hauteur de selle contenue de seulement 780 mm. En clair, si vous faites 1,70 m vous n’aurez aucun mal à poser les deux pieds à terre. La position de conduite est moins en avant que sur le X-Max 300 qui se la joue sportif et moins « avachi » que sur le Forza ancienne génération.
En ville, le Forza 300, très bien équilibré, permet d’évoluer en toute confiance à très basse vitesse et sans mettre pied a terre. Au roulage, aucune vibration dérangeante ni résonance ne viennent troubler le conducteur. Une qualité de conception qui atteste du positionnement haut de gamme du modèle.
Il faut attendre le premier feu rouge pour que cette quiétude et cette aisance de prise en mains en ville soient contrariées. Le Forza 300 n’est pas, en effet, équipé du Idling Stop, ce dispositif qui coupe le moteur à l’arrêt et le redémarre instantanément à la remise des gaz. Une petite mesquinerie de la part du constructeur japonais d’autant plus incompréhensible que le Forza 125, mais aussi le PCX ou encore le SH, bénéficient de cette reposante fonctionnalité.

Prenons un peu de champ
Sorti du strict cadre urbain, le Forza 300 cm3 est tout aussi à l’aise. Il n’a jamais démérité au cours des 600 km pendant lesquels il nous a accompagnés lors d’un comparatif de trails routiers en baie de Somme (à découvrir dans le Moto Magazine #353 de décembre 2018 / janvier 2019). Périphérique, bretelles de raccordement, voies rapides, autoroutes, le Forza est toujours dans son élément. Les bonnes accélérations permettent de s’insérer dans le flux de circulation en toute confiance. Le freinage ABS est efficace sans être intimidant. Sur autoroute, les 130 km/h sont tenus sans difficulté, bien à l’abri derrière son pare-brise réglé électriquement en position haute (+ 140 mm). En ville, une simple pression du pouce gauche libère idéalement le champ de vision en rabaissant le pare-brise. Ce qui nous était apparu de prime abord comme un simple gadget s’est avéré être un vrai plus à l’usage. Seul bémol, la sécheresse des suspensions qui ne ménagera pas le dos du conducteur et encore moins celui du passager.

Un stop à la station-service nous informe sur l’appétit du monocylindre : 3,4 l/100 km, soit une autonomie de près de 340 km. De quoi faire du Forza 300 un excellent compagnon pour les déplacements du quotidien.

Verdict
Le cahier des charges du Forza 300 a clairement été étudié pour contrer le Yamaha X-Max 300. Si l’on excepte la fameuse bulle réglable électriquement du Honda, les deux scooters GT mid-size constituent finalement deux offres très proches. Et si l’on peut légitimement se poser la question du choix entre le Honda (5799 €) et le Yamaha (5999 €), cet essai nous a surtout poussés à nous interroger sur la pertinence des scooters de plus de 500 cm3 dans un cadre urbain et périurbain où le Forza s’est montré irréprochable.

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Fiche technique

Honda Forza 300 (données constructeur)
Moteur
- Type : monocylindre à refroidissement liquide, 4T, 1 ACT, 4 soupapes
- Cylindrée : 279 cm3 (72 x 68,5 cm)
- Puissance maxi : 25,1 ch à 7 000 tr/min
- Couple maxi : 2,75 m.kg à 5 750 tr/min
- Transmission finale : variation continue
Partie-cycle
- Frein AV : simple disque Ø 256 mm, étrier 2 pistons, ABS
- Frein AR : simple disque Ø 240, ABS
- Pneu AV / AR : 120/70-15 - 140/70-14
- Hauteur de selle : 780 mm
- Garde au sol : 135 mm
- Poids : 182 kg (en ordre de marche)
Pratique
- Réservoir : 11,5 litres
- Coloris : bleu métallique, noir, gris, blanc
- Prix de base : 5 799 €

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