Si pour le moment, l’Union Européenne épargne les deux-roues motorisés de l’interdiction de vente sur le marché du neuf en 2035, ce n’est pas le cas chez nos voisins d’outre-manche.

Une consultation ouverte est lancée jusqu’au 21 septembre 2022 au Royaume-Uni, intitulée « Véhicules de catégorie L (ndlr : véhicules à deux et trois roues et quadricycles motorisés)  : fin des ventes de nouveaux modèles à émissions non-nulles ».

Elle n’a pas pour objectif de savoir si les deux-roues thermiques neufs doivent oui ou non arrêter d’être vendus, mais plutôt "quand". La date proposée par le gouvernement est 2035. Du coté des scooters, cyclomoteurs et 125 cm3 thermiques neufs, l’arrêt de leur commercialisation pourrait être amenée à 2030.

« Toutes les nouvelles voitures, fourgonnettes et camions de 26 tonnes et moins seront à zéro émission d’ici 2035 ; et 2040 comme limite pour tous les nouveaux véhicules routiers. Il est donc important que les véhicules de catégorie L ne restent pas alimentés par des carburants fossiles » explique Trudy Harrison, députée et ministre d’État aux Transports. J’insiste sur le fait que cette consultation ne vise pas à imposer des restrictions ; il s’agit de relever le défi du changement climatique et de créer une indépendance énergétique, d’offrir une certitude à l’industrie et aux consommateurs, et d’assurer la création d’une industrie de catégorie L à zéro émission adaptée au 21e siècle et au-delà. »


Les associations britanniques de défense de la moto montent au créneau

Toutes les associations motardes britanniques réagissent face à ces futures interdictions et dénoncent le caractère unilatéral de la consultation, qui ne tient pas compte des alternatives. Voici leurs commentaires :


British Motorcyclists Federation (BMF)

« La BMF soutient une approche technologiquement neutre pour alimenter les nouvelles motos ; nous n’acceptons pas que la technologie des batteries électriques soit la seule approche, commente Jim Freeman, président de la BMF. La BMF s’oppose à l’interdiction des deux-roues thermiques, jusqu’à ce que les critères ci-dessus soient remplis, quelle que soit la date ciblée, 2030, 2035, 2050. Le gouvernement a accepté de suivre une approche technologiquement neutre (...) Mais elle semble avoir décidé unilatéralement que la batterie électrique est la seule option. C’est inacceptable. »


Motorcycle Action Group (MAG)

« MAG s’oppose totalement à l’interdiction proposée de la vente de véhicules à moteur à combustion interne, que ce soit à partir de 2035, de 2040 à l’origine, ou de toute autre date, martèle Neil Liversidge, président du MAG.

Colin Brown, directeur des campagnes et de l’engagement politique du MAG, poursuit : « Nous avons déjà fait des démarches auprès de l’équipe de décarbonation du ministère au cours de l’année dernière. Les responsables sont limités par la politique "zéro émission" existante et ses calendriers. Ceux-ci sortent clairement du cadre de cette consultation. »


National Motorcycle Council (NMC)

« Les ambitions du gouvernement dans ce domaine dépassent clairement ce qu’il peut être raisonnable de réaliser. Une transition réussie dans n’importe quel domaine exige que les personnes concernées puisse se satisfaire des changements proposés, explique Craig Carey-Clinch, directeur exécutif du NMC. Dans le cas des motos à zéro émission, en particulier dans les segments de marché haut de gamme, la disponibilité actuelle, le prix, l’état actuel de la technologie du deux-roues électrique et l’acceptabilité par les motards, suggèrent qu’il faudra faire beaucoup plus avant une date cible raisonnable pour imposer un parc "zéro emission" (...) Le NMC est également déçu que le gouvernement ne considère les carburants alternatifs uniquement comme un tremplin vers une électrification complète (...) Imposer des technologies spécifiques revient à limiter le choix et donc à créer une contrainte à l’innovation. »


Motorcycle Industry Association (MCIA)

« Les deux-roues motorisés ne représentant que 0,5 % des émissions des transports au Royaume-Uni, cette consultation est une occasion manquée de laisser plus de temps à l’industrie pour s’adapter, explique la MCIA. Nous avons expliqué au gouvernement pourquoi ce secteur a besoin d’une approche différente, en particulier lorsque nos machines sont principalement utilisées pour des activités sportives et de loisirs. (...) Le gouvernement n’a pas pris en compte les complexités du secteur de la catégorie L, sur ce qui est faisable ou non. »


Une synergie d’opinions

Les réactions sont globalement sans équivoque et rejoignent le bilan établi par la FEMA (Federation of European Motoryclist’ Association) sur la transition électrique du parc des deux-roues motorisés en Europe. Qu’en sera-t-il réellement suite à cette proposition du gouvernement britannique ? Une date d’interdiction rapprochée comme le suggère la consultation ? Une négociation avec les acteurs britanniques de défense de la moto, dont les opinions se rapprochent ? On ne manquera pas de vous tenir informés.
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Sources : femamotorcycling.eu, visordown.com
Crédit photo : topgear.com.ph

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