Le 2 août, Nicolas Daragon, le maire de la ville de Valence, chef-lieu du département de la Drôme, a demandé à ce que l’autoroute A7, qui traverse sa commune en longeant le Rhône, soit limitée en permanence à 90 km/h au lieu de 110. La raison ? Réduire la pollution émise par les véhicules qui, nombreux voire très nombreux en ce week-end de chassé-croisé estival, empruntent l’autoroute.

L’élu dégaine la pollution
« Le centre-ville de Valence est situé à moins de 300 mètres de l’A7, qui est l’axe routier le plus fréquenté d’Europe avec 70.000 véhicules par jour en moyenne, et jusqu’à 200.000 lors des chassés-croisés de l’été », a expliqué le maire dans Le Parisien du dimanche 2 août 2015.

« Dans l’agglomération, une évaluation réalisée par l’agence régionale de santé en 2014 indique que le transport routier est responsable à hauteur de 84 % des émissions d’oxydes d’azote, 32 % des particules en suspension et 52 % du dioxyde carbone. Or, diminuer la vitesse des véhicules permettrait de réduire cette pollution, car plus la vitesse moyenne est basse, moins il y a d’émissions ».

Et l’édile de sortir, pour convaincre, deux chiffres massues qui mettent forcément tout le monde d’accord : « d’après une étude de l’Institut de veille sanitaire, les bénéfices d’une diminution des niveaux de particules les plus fines sur l’agglomération de Valence permettraient d’éviter 55 décès chaque année, pour un gain économique de 91 M€ ».

L’élu, membre du parti Les Républicains, en appelle à l’État, l’instance habilitée à modifier les limitations de vitesse sur les routes de France, et demande à d’autres maires de grandes villes traversées par les autoroutes de le suivre dans ce combat.

Royal embraye
Dans la foulée, la ministre de l’Écologie, Ségolène Royal, s’est prononcée en faveur de cette mesure. Un peu facile : ce n’est pas elle qui fixe seule les règles (mais avec le ministre de l’Intérieur et le Premier ministre), et cette solution ne figure pas dans la loi sur la transition énergétique, rédigée par son ministère, qui vient d’être votée par le Parlement…

La position du maire de Valence relève, elle aussi, de la stratégie politique. Car la limitation de vitesse sur l’A7 qui traverse la cité est déjà fixée à 90 km/h lors des pics de trafic, notamment au moment des grands départs. Lui la voudrait en permanence. Sans doute pour satisfaire ses électeurs, résidant à deux pas de l’autoroute.

Ailleurs en France
À Tours (37), où l’A10 traverse la ville, la vitesse est limitée à 90 km/h depuis août 2011 ; à Montpellier (34) sur l’A9 (entre l’échangeur de Montpellier-Est et le péage de St-Jean-de-Védas), elle est à 90 aux heures de pointe ; à Paris, le périphérique est passé à 70 km/h (au lieu de 80) ; et sur l’autoroute A10 à l’arrivée en région parisienne par le sud, un panneau signale que la vitesse est limitée à 90 km/h sur les voies rapides urbaines.

Quel effet sur l’environnement ?
Si rouler moins vite permet de réduire mécaniquement les émissions polluantes du trafic automobile, cela ne résout pas tout : « La priorité est d’agir sur le parc des véhicules anciens, notamment diesel, non équipés de filtres à particules », souligne Gillez Amoz, responsable du service qualité de l’air à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), toujours dans Le Parisien.

A quand une harmonisation des limitations ?
Le problème, c’est que la pollution peut cacher un autre risque, celui de la sécurité routière. Car la multiplication des limitations de vitesse, notamment sur les autoroutes urbaines, est susceptible d’engendrer des réactions d’urgence chez les conducteurs, pas toujours très facile à appréhender pour les autres situés dans leur environnement direct.

Sur certaines portions restreintes de voies rapides urbaines, notamment en Ile-de-France, où elles sont nombreuses, il n’est pas rare de voir différentes limitations se succéder (de 130 à 110, puis à 90 voire 70 km/h), au risque de dérouter le conducteur et d’assister à des freinages intempestifs, notamment si un radar contrôlant la vitesse est implanté à proximité.

Avant de songer aux 90 km/h en permanence, il serait nécessaire que les services de l’État se penchent sur l’harmonisation des limitations. Cela a été maintes fois évoqué dans les différentes instances de concertation sur la sécurité routière. Mais jamais résolu.

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