Le collectif « Justice pour les victimes de la route », qui regroupe des familles de victimes de la route, a adressé une lettre au président de l’Assemblée et aux députés. Parmi nombre de revendications restrictives, le groupe demande entre autre :

- Le retrait immédiat du permis de conduire en cas d’accident corporel aggravé ou homicide involontaire, jusqu’à la décision définitive de justice.
- Pas de sentimentalisme concernant les amendes qui doivent être sans
concession.
- La saisie du véhicule en cas de récidive et d’accident quel qu’en soit le propriétaire. Les frais occasionnés étant à sa charge.
- L’uniformisation des peines au niveau national avec application réelle de celles-ci.
- Imposer aux condamnés de participer à des opérations de témoignage auprès des jeunes.
- En cas d’accident grave de la circulation, pas de classement sans suite des dossiers. Au minimum, ouverture d’une information.
- La possibilité aux victimes et à leur famille de faire appel des décisions de justice.
- La possibilité à ces mêmes familles de faire intervenir leurs propres experts et que ceux-ci soient reconnus
par la justice.
- Le respect et la dignité aux victimes et aux familles des victimes qui sont souvent « transparentes » pour les magistrats qui préfèrent les ignorer.

Tout en prônant le « partage de la route et de la rue dans le respect mutuel de chacun de ces usagers », le collectif organisera une marche silencieuse, le 16 mai 2009 à Paris, du ministère des Transports au ministère de la Justice. Une pétition sera alors remise à Rachida Dati.

(source : www.nouvelObs.com)

François Barrois

Bien sûr, on ne saurait humainement être insensible à la douleur des proches de victimes, et leur colère est compréhensible. Mais c’est malheureusement cette dernière qui semble être le moteur principal de l’action du collectif, qui par certaines de ses demandes paraît plus réclamer vengeance que justice.

Serait-ce juste de confisquer le véhicule d’une personne qui l’aurait prêté à un conducteur impliqué dans un accident ? Ceci au risque sanctionner aussi la famille du propriétaire, qui la plupart du temps a besoin de se déplacer pour aller travailler. Les magistrats, dont la fonction implique de réagir « froidement », avec raison et non passion, sont-ils aussi insensibles que le sous-entend le collectif ? Ce qui relève du procès d’intention partant de cas particuliers exposés sur son blog (voir lien), et généralisés.

Les membres de « Justice pour les victimes de la route » confirment qu’ils sont aussi des usagers de la route. Peuvent-ils affirmer qu’ils n’ont jamais constitué un danger pour autrui, ne serait-ce que par inattention ? Reste que toutes les demandes du collectif ne sont peut-être pas à rejeter en bloc, comme la possibilité donnée aux victimes de faire appel. Ou encore le non classement sans suite de dossiers… On rappellera toutefois que les tribunaux ne chôment pas, nombre de magistrats alertant sur leur « engorgement », faute notamment de moyens financiers et humains. Peut-être faudrait-il commencer par regarder de ce côté.

Grégoire Acerra

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