Au guidon de son Aprilia Tuono V4, c’est Bruno Schiltz qui a remporté le Rallye de la Sarthe 2021, une épreuve créée en 1958. De son côté, déjà 5 fois champion de France des rallyes, Julien Toniutti s’y était engagé avec un tout autre challenge : celui de démontrer que le handicap ne prive pas de tous les plaisirs, en emmenant en passager François Speck, devenu aveugle suite à un accident.

En effet, les objectifs d’un tel engagement sont ailleurs. Le premier, c’est de classer un aveugle à l’arrivée de 4 courses officielles et d’un vrai championnat. Le 2ème, c’est de mettre en avant la passion de la moto et le handicap. Le 3ème, c’est de faire parler du rallye, la discipline qui a formé Julien. Julien doit beaucoup au rallye : son palmarès, sa réputation, son image. Sans le rallye, Julien n’aurait pas eu tout ça. Alors il convient de renvoyer l’ascenseur à l’écosystème du rallye, c’est à dire, aux organisateurs de rallyes, aux bénévoles, à la fédération, aux autres pilotes, aux partenaires. Et pour le coup les objectifs sont remplis. François a terminé son 1er rallye en Championnat de France (43ème sur la 1ere étape, 60ème sur la 2ème étape, et 2ème dans la catégorie Duo). Dès le lendemain, il était de retour au bureau, et en forme, pour diriger sa société, EMC suspensions, et ses 15 salariés. La présence d’une TV grande chaine va permettre de remplir la grille des derniers objectifs.

Julien Toniutti et François Speck en rallye routier {JPEG}


Les témoignages de l’équipage :

Julien Toniutti : "Dès les recos, je me suis dis que cela allait être compliqué sur le plan sportif. Le profil des spéciales allait faire souffrir le Niken et surtout François. Dans le 1er passage de repérage, j’ai tenté un freinage "normal" dans un virage où il y avait une échappatoire. On a tiré 3 mètres tout droit. Heureusement François n’a rien vu (rires). Lors de la 1ère étape chronométrée, l’intercom de François était déconnecté. Je lui indiquais les freinages à l’ancienne en lui tapant sur la cuisse. Ensuite dans la 2ème étape, en rebranchant l’intercom, on a pu gagner 5 secondes par spéciale. Mais il s’est mis à pleuvoir juste avant la dernière spéciale. Mettre le Niken en glisse n’était pas une option. Alors j’ai assuré, j’ai rendu la main. Bref, sportivement, on aurait pu faire mieux. Mais on est en milieu de classement. Et sur les plans humains et celui du handicap, on a pu montrer de belles choses que personne n’avait osé jusque là. Essayez juste "pour voir" de faire une journée de rallye dans le noir sur une selle passager d’une moto ! François a souffert mais il a tenu. On est classé. Lundi matin, il était au boulot sur ses 2 pieds. L’essentiel est là. Donc on est satisfait."

Julien Toniutti et François Speck en rallye routier {JPEG}

François Speck : « Je m’éclate. Je suis vraiment heureux. J’ai la tête pleine de souvenirs. Après ce 1er rallye, je pensais avoir mal partout, mais finalement ça va plutôt bien. Certes j’ai bien quelques courbatures, mais Julien a su adapter son pilotage pour que ce soit presque confortable pour moi. Même sans la vue, le simple fait d’être passager en spéciale amène vraiment beaucoup de sensations. Derrière Julien, je suis serein. Mon esprit est tranquille. La grosse surprise, c’est que j’en ressors beaucoup plus fort dans ma tête. Cette expérience me donne la patate. En testant "en vrai" sur le terrain mes suspensions, cela m’a apporté une meilleure compréhension de mes produits. J’ai donc encore plus confiance dans mes amortisseurs. Commercialement parlant je vais être encore meilleur avec les clients, et dans le développement des nouvelles gammes. Je sors renforcé mentalement de ce week-end. Et ça, c’est complétement fou. Je tiens d’ailleurs à remercier du fond du coeur tout ceux qui ont rendu cela possible. Merci à tous les partenaires, et surtout merci aux hommes de la fédération qui m’ont permis de vivre ça. Ils nous ont défini un cadre très strict mais qui rendait les choses possibles. On a respecté leur cahier des charges, et ils nous ont donné les autorisations (certificat médical, licence...). Le handicap n’est pas incompatible avec la moto. On peut le surmonter. Et surtout on peut prendre du plaisir. Avec un peu de préparation et d’adaptation, on vient de prouver que c’est possible."

Prochaine course pour le duo, au Rallye du Dourdou, les 16 et 17 juillet. Restez connectés, car Motomag sera à leurs côtés !

Crédits photo : G2STP

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