Ce matin du 14 août 2015, juste avant l’un des week-ends réputés pour être les plus meurtriers de l’année sur les routes françaises, Bernard Cazeneuve fait son « coup de com’ » à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine. Objectif : montrer aux citoyens que la sécurité routière reste l’une des préoccupations principales du gouvernement. Et pour le prouver, le ministre de l’Intérieur durcit le ton.

Les chiffres prévisionnels des accidents de la route survenus en France au mois de juillet 2015 viennent de tomber, et autant dire qu’ils ne sont pas bons. Le premier mois des vacances fait un bond : 360 personnes sont mortes sur les routes, soit 19,2 % de plus par rapport à juillet 2014. Les deux-roues motorisés (cyclos, scooters et motos confondus) paient un lourd tribut avec 105 morts, soit une hausse de 57 % par rapport à un mois de juillet 2014 qui, pluvieux, avait vu beaucoup moins de motocyclistes gravir les chaussées.

Loi des 100 chevaux et équipement obligatoire ?
En tant que mauvais élèves de ce mois de juillet 2015, les motards attirent toutes les attentions du ministère. Mais à ce stade de la réflexion, Bernard Cazeneuve ne cherche qu’à éteindre le feu médiatique. Pas d’annonce officielle, donc, sur d’éventuelles mesures qui concerneraient les deux-roues motorisés, mais des indices sur les sujets de dossiers posés actuellement sur son bureau.

À la question de savoir quelles décisions seront prises pour réduire le nombre d’accidents de moto, le ministre répond :

100 chevaux
« Nous avons déjà pris des mesures, notamment le port du gilet haute visibilité obligatoire dans le véhicule ; il y a par ailleurs des règlementations européennes contraignantes pour nous, concernant les cylindrées et la possibilité de débrider un certain nombre de moteurs, que nous regardons de près pour évaluer les conditions dans lesquelles nous nous adaptons à cette législation.

Équipement
Je ferai, dans le cadre du comité interministériel de sécurité routière (CISR), des propositions. Vous comprendrez que je ne les évoque pas maintenant, mais on voit bien que le non-respect du port de l’équipement en période estivale est facteur d’une augmentation du nombre d’accidents occasionnant des morts et des blessures extrêmement graves. »

On comprend, à travers ces propos flous dans ce qui relève encore, pour le ministre, du détail technique, que la Direction à la sécurité et à la circulation routières (DSCR), au ministère de l’Intérieur, se penchera sur l’abrogation de la loi des 100 chevaux, prévue le 1er janvier 2016. Si, contrainte par l’Europe, l’État peut difficilement s’y opposer, la libération de la puissance des motos ne se fera pas sans contreparties…

L’allusion à l’équipement laisse entendre que, a minima, l’obligation de porter des gants sur un deux-roues devrait faire son apparition bientôt.

Les radars, encore et toujours…
« L’adage bien connu dit : la sagesse commence avec la peur du gendarme, ou bien celle du juge, poursuivait Bernard Cazeneuve. Le volet répressif sera renforcé. Je n’ai à cet égard aucun état d’âme vis-à-vis de ceux qui se mettent en danger tout en exposant la vie de leur prochain. » Et le ministre de promettre « une nouvelle stratégie des radars automatisés ». Le CISR va-t-il faire sauter le plafonnement des radars à 4.000 appareils ? Réponse à la rentrée.

Plus de paroles, mais des actes
Inflexible, le ministre de l’Intérieur ne semble plus avoir envie de discuter… « Certaines polémiques que j’entends ici ou là ne servent à rien, précise-t-il dans son discours. Je l’ai dit, on ne lutte pas contre les excès de vitesse avec des excès de langage. » Allusion à peine voilée aux coups de gueule d’associations qui dénoncent un éventuel laxisme du gouvernement masqué derrière la volonté concertation.

« Les mesures que nous prendrons par la suite déclencheront comme à chaque fois des débats et des critiques sur des sujets sensibles pour lesquels les lobbys sont nombreux et contradictoires et pour lesquels chacun pense avoir sa solution au problème et n’admet la contrainte que lorsqu’elle porte sur les autres usagers », poursuivait un ministre sur la défensive. Le ton est dur, ce qui n’augure rien de bon pour la suite.

Comportement des usagers
En définitive, on aura assisté à un bon coup de com’, sans aucune annonce. Bernard Cazeneuve a rappelé que la sécurité routière était « une coproduction entre les pouvoirs publics et les usagers de la route ». L’enjeu des comportements sur la route sera sans nul doute également au cœur du prochain CISR… à propos duquel aucun rendez-vous n’est encore fixé !

Face aux statistiques en hausse, la réplique risque d’être rude. Ne reste plus qu’à attendre la rentrée, et ce prochain CISR encore incertain, pour savoir ce qui nous attend… Restez connectés sur Motomag.com !

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