Près de 15.000 manifestants circulant sur 10.000 motos, selon les organisateurs (6.000 selon les Renseignements généraux), ont défilé le 10 octobre à Paris à l’appel des antennes d’Ile-de-France de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC).

Eté indien
Un cortège impressionnant, sans doute galvanisé par le climat presque estival de ce samedi d’automne. Un climat d’été indien, ce qui va bien aux motards, population minoritaire que la cavalerie pourchasse sans cesse dans le but de l’éliminer totalement sur ses propres terres.

Car c’est de ça qu’il s’agit, et c’est pour cela qu’ils étaient si nombreux à avoir sacrifié un samedi sur l’autel de leur passion : ils protestaient contre le plan de la ville de Paris visant à interdire de circulation, dès le 1er juillet 2016, les véhicules à deux-roues d’avant 2000 (comme les voitures d’avant 1997) ; viendra ensuite le tour de motos et scooters plus récents, jusqu’à ce qu’en 2020, soient effacés les véhicules mis en circulation avant 2015.

Sécurité rentière
Et comme si cela ne suffisait pas, les motards ont reçu, le 2 octobre, un coup de massue supplémentaire sur le bas du crâne, l’endroit que le casque ne couvre pas bien : les ministres réunis en comité de sécurité routière ont annoncé un contrôle technique lors de la vente d’un véhicule d’occasion, mais aussi l’obligation du port des gants à moto et scooter (avant, dans quelques années, les bottes, le blouson puis l’airbag...) et enfin l’obligation pour tout conducteur novice, quelque soit son âge, de conduire une moto de 48 chevaux pendant deux ans avant de pouvoir acheter la machine de ses rêves. S’il ne faisait beau, on pourrait dire que les mauvaises nouvelles tombent aussi dru que les averses d’automne.

Mais comme ce sont des Indiens, les motards, ils se rebiffent. Et se mobilisent en masse pour exprimer leur colère. 15.000 d’entre eux l’ont montré ce 10 octobre, à l’appel des antennes FFMC d’Ile-de-France, qui avaient réuni quelque symboles au milieu de ce cortège bigarré : sur une dépanneuse, un 4x4 qui consomme 17 litres aux cent kilomètres et aura, lui, encore le droit de circuler le 1er juillet 2016 ! Derrière, une autre dépanneuse portant une superbe Suzuki Savage qui ne consomme que 5 litres aux 100, et sera reboutée. Enfin, pendue à une nacelle, cette malheureuse MZ, moto ancienne prête à être sacrifiée par Monsieur Najdovski, adjoint au maire de Paris chargé des Transports et Madame Hidalgo, elle-même maire de Paris, à l’aune de la lutte contre la pollution.

« Nous trouvons cette politique inadmissible », s’indignait Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC Paris Petite Couronne. « Côté sécurité routière, on nous dit qu’on est une minorité qui a beaucoup d’accidents ; et maintenant, on est une minorité qui pollue. Ca suffit ! Je rappelle que nous roulons à l’essence et non au diesel ; en France, on avance 40.000 décès prématurés dus aux particules fines. Or c’est le carburant diesel qui en émet, pas l’essence. C’est aberrant ».

Et c’est aussi aberrant de constater que l’équipe municipale de la capitale pratique la discrimination sociale : « Ce plan vise les banlieusards qui n’ont pas les moyens d’acheter un véhicule neuf, poursuit Jean-Marc Belotti. Vous verrez que bientôt, ils vont rétablir l’octroi aux portes de Paris pour protéger les habitants de la capitale ! »

Les motos et scooters, s’il est exact qu’elles possèdent un moteur thermique, ont toutefois quelques qualités par rapport à l’automobile qui encombre les chaussées d’Ile-de-France : « Le 2RM apporte une vraie solution aux encombrements parisiens, par sa fluidité, la rapidité des trajets, son encombrement sur la chaussée. Un 2RM ça a deux places, et quand une seule personne l’occupe, ça fait un taux de remplissage à 50 %. Pour une voiture, c’est 25 % voire 20 %. Dans la semaine, les automobilistes qui vont travailler sont seuls et occupent une 4 places. Et on voudrait nous interdire de circuler, alors qu’on occupe une place sur deux ! »

En route vers ... le blocage
L’impressionnant cortège s’est élancé de l’Esplanade du Château de Vincennes vers 15 heures. Il a déboulé sur le périphérique extérieur par la porte Dorée, et l’a bloqué une bonne partie de l’après-midi. Puis furent prises la Nation et la Bastille, avant une halte logique et méritée devant l’Hôtel de Ville, rue de Rivoli. Les manifestants, nombreux, on fait un peu de tapage devant la résidence de Madame Hidalgo, avant de pénétrer dans le métro : « Nous voulions montrer que si tous les motards de la région parisienne étaient obligés de prendre les transports, cela créerait une belle pagaille et sans doute une saturation », expliquait Jean-Marc Belotti.

Le cortège de motos pétaradantes et klaxonnant, très long, a emprunté un itinéraire compliqué pour rejoindre l’esplanade des Invalides, en passant par le pont d’Austerlitz et le boulevard Port Royal. Des groupes n’ont pas pu suivre et les véhicules se sont dilués dans la circulation perturbée du centre de la capitale. Ils n’étaient pas plus d’un quart des manifestants présents au départ à s’approprier les Invalides. Mais la démonstration de force aura fait son effet : de nombreux médias ont couvert cette manifestation, et le centre-ville de Paris était saturé. Sans parler du périphérique. La colère des motards bourdonnera donc quelques temps durant aux oreilles de nos ministres et de la maire de Paris.

« Nous avons vu Anne Hidalgo il y a dix jours, concluait Jean-Marc Belotti. Pour l’instant, elle campe sur ses positions. Nous devons nous revoir dans un peu plus d’une semaine. A nous de la faire bouger ! » Les motards s’y sont employés ce 10 octobre à Paris, en se mobilisant en masse autour des antennes de l’Ile-de-France de la FFMC.

Des motards qui venaient de loin

À l’image de Simons, qui est venu de l’Aisne sur sa Kawasaki pour dire non au contrôle technique, quelques milliers de motards ont convergé de Province vers la capitale dans le but d’exprimer leur colère.

Manif FFMC à Paris : non au contrôle technique !
C’est dit : le contrôle technique ne passera pas par lui ! Ce motard est venu de Picardie pour manifester à Paris.

Les antennes FFMC de l’Aube, du Cher, d’Eure-et-Loir, du Loiret, de l’Oise et de la Sarthe ont organisé des cortèges au départ de leur département. Ils ont rejoint l’esplanade du château de Vincennes, où les attendaient aussi les motards les plus éloignés de la région parisienne ayant répondu à l’appel des FFMC de Seine-et-Marne, des Yvelines et du Val-d’Oise. Tous se sont offert une belle balade parisienne en ce samedi d’octobre ensoleillé. Et ont largement contribué à grossir les rangs des manifestants.

- Retrouvez les comptes rendus en images de toutes les manifestations FFMC du 10 octobre en France

À voir, notre reportage vidéo sur la manifestation


Manifestation FFMC : l'énorme colère des motards par Moto-Magazine

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