Dans le monde tout connecté qu’on nous prédit pour un avenir plus ou moins proche, le progrès se matérialisera, sur la route, par des véhicules qui communiquent entre eux, dans le but d’éviter des interactions aux conséquences dramatiques.

Mémorandum
On en pense ce qu’on veut : quid, dans ce contexte, de la liberté de circuler, de vivre débranché ? Les constructeurs et importateurs européens de motos et scooters, réunis au sein de l’ACEM (syndicat qui représente 90 % de cette industrie), ont choisi : ne souhaitant pas rester à la traîne de ce progrès et, ce qui est compréhensible, d’une industrie automobile beaucoup plus puissante que la leur, ils ont annoncé, lors d’un colloque le 29 septembre à Cologne en ouverture du salon Intermot, que l’industrie du motocycle avait signé : « un mémorandum d’entente sur les systèmes de transport intelligents (STI) coopératifs ».

Objectif 2020
Autrement écrit, des systèmes de sécurité qui « permettent une communication entre véhicules ainsi qu’entre véhicules et l’infrastructure ». Les membres de l’ACEM s’engagent à doter au moins un de leurs modèles d’un STI coopératif d’ici 2020.

L’industrie va par ailleurs étudier un système eCall pour motocycles, c’est-à-dire « un système embarqué qui émet des appels d’urgence dès qu’un accident survient ». Ce protocole d’accord implique une standardisation des systèmes de communication et la validation des tests dès 2015.

Honda et BMW en tête
Dans cette logique, tous les constructeurs ne partent pas sur la même ligne. Ceux qui sont adossés à un groupe automobile, comme Honda et BMW, ont pris de l’avance : ils sont intégrés à des programmes de recherche à grande échelle (tel Cooperative Autonomous Driving de Honda, en photo).

Quelle sera l’utilité de tels systèmes ?
L’un des objectifs est d’alerter l’automobiliste de la présence d’un deux-roues qu’il n’aurait pas vu en lui envoyant un signal lorsque la distance entre la voiture et la moto ou le scooter se réduit rapidement.

Cependant, des applications appropriées pour la voiture ne le sont pas en 2-roues : l’ACEM refuse d’aller jusqu’à imaginer un système de freinage automatique, qui risquerait de faire perdre le contrôle de son véhicule au conducteur.

De même l’eCall, un système d’alerte en cas d’accident, sur une moto, ne pourra être relié au déclenchement de l’airbag, comme dans l’automobile. Et, inutile de prévenir les services d’urgence à chaque fois qu’il y a rupture d’équilibre sur un 2-roues : une moto peut chuter à l’arrêt sans que l’on déclenche un quelconque plan de secours…

Les STI sont donc un recours pour le secteur de la moto et du scooter, mais il s’agit de les adapter à ces véhicules à moteur atypique, ce qui représente un enjeu pour l’industrie motocycliste des prochaines années.

Éthique
Ces intelligences électroniques suscitent des questions d’ordre éthique, qui furent posées lors d’un forum organisé par la Fédération européenne des associations de motards (FEMA), les 5 et 6 mars 2014 à Bruxelles (Belgique). Ces dispositifs permettront aux constructeurs de collecter de nombreuses données qui peuvent relever de la vie privée. Qu’en feront-ils ? Représentante de la Fédération internationale de l’Automobile (FIA), Laurianne Krid donnait l’alerte (lire son interview en cliquant ici)...

Une autre dimension n’est pas à négliger : l’aspect psychologique. Un critère qui guide vers le choix du deux-roues, c’est la recherche d’une certaine liberté de circuler, en dehors des contraintes du monde automobile, donc de ces « gadgets » électroniques qui se multiplient dans l’habitacle protégé par une carrosserie. A méditer…

Nicolas Grumel

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