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Somone, d’abord, accueille quelques pied-à-terre luxueux, tandis que Popenguine propose une ambiance paisible de bord de mer, dont profitent en majorité les Sénégalais. Un peu plus au nord est implantée Saly, LA station balnéaire sénégalaise, lieu artificiel et encombré de minibus, mais vivant. Pour voir des animaux sans aller jusqu’au parc du Niokolo Koba, à l’autre bout du pays, passons par la réserve de Bandia, qui a vu le jour grâce à l’initiative de quelques actionnaires. Girafes, rhinos et buffles (entre autres) se partagent la vedette à 65 km de la capitale. Mais malgré notre insistance, l’entrée est restée non autorisée aux deux-roues… Les motards amis des bêtes devront donc se trouver une place dans un minibus. De M’bour à Joal, la route longe le bord de mer, où quelques villages de pêcheurs font acte de résistance. Mais vous l’aurez compris, dans cette zone se concentre le tourisme de masse.

En poursuivant vers le sud et le delta du Saloum, la route se change en piste dure et surélevée. Nous doublons quelques Peugeot et taxis-brousse à la peine face aux nombreux trous que nos motos, elles, évitent facilement. Il faut dire que cette région, qui fait la jonction avec la Gambie, associe étendues d’eau et végétation. Ici, quelques villages isolés sans électricité ni eau courante semblent hors du temps. Lors des pauses, nos trails aimantent invariablement les enfants. En s’approchant du delta, la mangrove où poussent les palétuviers est entrecoupée d’une foule d’îles. Les pélicans se disputent les poissons qui peuplent ces eaux, également appréciées des crabes et des huîtres. Après les bars et les discothèques de la petite côte, le Sine-Saloum est un retour brutal à la nature !

À Palmarin, une communauté de petites agglomérations, il est facile de trouver un hébergement. Nous choisissons un campement de quelques bungalows en bord de mer. Une vieille Suz’ 600 DR rouillée stationnée sur la plage attire nos regards. Quelques instants plus tard, son propriétaire, lui-même intrigué par nos montures, vient discuter avec nous… Pour éviter la piste dure, il circule sur la plage avec sa passagère !
Le soir, l’endroit est alimenté en électricité grâce à un groupe électrogène. Mais quelques heures plus tard, seul le vent du soir nous tient compagnie, et avec son souffle léger les moustiques nous fichent la paix.

Partage des eaux Le lendemain, nous poursuivons jusqu’à Djiffer, où la piste finit en cul-de-sac et en sable mou. Et pour cause, le village est situé à l’extrémité d’une langue de terre, la pointe de Sangomar. Avant d’y parvenir, nous suivons une piste rouge et poussiéreuse bordée d’un côté par les vagues, de l’autre par les eaux tranquilles du Saloum. Etrange sensation que celle de jouer aux Moïses des temps modernes ! Moteurs coupés, nous nous installons sur un banc pour converser avec des pêcheurs, aussi curieux que nous. Car ce n’est pas une surprise, l’activité principale du village est organisée autour de la pêche. Demi-tour vers Samba Dia, puis Ndangane. Malgré la survivance des traditions, nombre d’habitants se sont reconvertis au transport de touristes venus visiter le Saloum. Pour une journée ou plus, ils embarquent en pirogue pour explorer le fouillis de cette végétation aquatique.

Pélerinages Nous repartons vers le nord et sur le goudron de la nationale 1 qui conduit à Kaolack. Bien qu’éloignée de la mer, la capitale régionale possède un port où les bateaux arrivent en remontant le Saloum. L’arachide y transite en quantité, en provenance notamment de la région du Baol, notre prochaine destination, via les villes de Diourbel et Touba. Cette dernière est une ville sainte. Après les villages sévères du sud, le contraste est saisissant. Siège de la confrérie soufie des Mourides, la ville est marquée par l’imposante mosquée qui, à l’entrée, évoque les villes saintes de l’islam en pays arabes. Chaque année un grand pèlerinage, le Magal, s’y déroule.

En roulant vers Louga, les baobabs poussent sur les bas-côtés des routes comme de la mauvaise herbe ! En bordure de la plaine du Ferlo, la végétation est emblématique de cette terre sahélique. Épineux et acacias disputent la terre sablonneuse aux massifs de baobabs omniprésents. Lorsque l’harmattan se lève sur la région, l’horizon devient opaque et rappelle que le désert n’est pas loin. D’ailleurs, dans la ville de Louga, hormis quelques axes majeurs, toutes les rues sont ensablées. S’il est difficile de s’enliser à moto, une chute (envisageable) pourrait faire mal à l’ego. Méfiance, donc. Dans cette ville calme, voire endormie par la chaleur pour certains, un festival de folklore et de percussions se déroule chaque hiver, qui accueille troupes étrangères et artistes nationaux chaque soir durant cinq jours.

Petite forêt À 70 km de là, Saint-Louis, l’ancienne capitale coloniale, disperse les ruelles de ses vieux quartiers entre le fleuve Sénégal et l’Atlantique. Pour atteindre l’île, il faut franchir le célèbre pont Faidherbe, ouvrage d’art métallique au bout duquel se trouve le plus vieil hôtel de la ville : l’hôtel de la Poste, où descendaient les pilotes de l’Aéropostale effectuant la liaison Toulouse-Dakar. Jean Mermoz y avait sa chambre.

Sur la langue de Barbarie, l’étroite bande de sable entre le fleuve et l’océan, se dresse un village de pêcheurs, Guet n’dar. Des centaines de pirogues colorées stationnent sur la plage, en attendant le départ nocturne. Au milieu de l’activité grouillante et des détritus, quelques-uns réparent des filets, d’autres calfatent les bordées. Par la plage, Dakar est à moins de 200 km. Mais c’est sur le goudron que nous repartons vers Lompoul. Bien mal nous en a pris ! C’est sur cette route que nous aurons la première (et seule) crevaison du voyage. À l’arrière, bien sûr, et aucune zone d’ombre à l’horizon ! Démonte-pneus et roue en main, le spectacle commence pour notre public désormais familier, les enfants…

Au bout de cette route, des tentes de bédouins sont aménagées en hébergement pour accueillir ceux qui souhaitent dormir dans ce coin paisible. Le « périmètre de reboisement », qui longe la plage du nord au sud de cette côte sur près de 150 km, donne l’impression de traverser une petite forêt. En repartant à marée basse, la plage permet d’atteindre directement le lac Rose, à environ 80 km. Célèbre lieu d’arrivée des rallyes Paris-Dakar, cette étendue d’eau très salée (équivalente à la mer Morte) prend, selon les heures de la journée, la couleur qui lui donne son nom… Au loin, d’étranges « pêcheurs » travaillent. À l’aide de petites barques et de râteaux sans dents, ils collectent le sel avant de l’amasser en petites dunes et de le mettre en sacs pour l’envoyer dans les boutiques.

Voyage, voyages Avant de rejoindre Rufisque puis Dakar, on slalome entre les trous qui creusent la route goudronnée. Enfin, camions surchargés, taxis-brousse et autres « mille-kilos » bariolés annoncent l’arrivée en ville. Notre boucle touche à sa fin. Un petit millier de kilomètres pour découvrir les richesses d’un pays et d’un continent… Entre sourires, paysages inédits ou odeurs nouvelles, chacun retiendra le morceau d’Afrique qui le touche, avec sans doute un arrière-goût de trop peu, donc une forte envie de revenir ! Car comme l’écrivait Nicolas Bouvier dans « L’usage du monde », l’« on croit partir faire un voyage, mais peu à peu, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait ».

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