Sébastien Amiel est né en 1975 à Carcassonne et vit à La Rochelle. Après des études scientifiques, il a travaillé dans l’aviation civile. Il a publié un recueil de nouvelles, « Presque Rouge », et un roman, « L’Homme Arrêté », aux Editions de l’Olivier (2009 et 2012). Il a également longtemps pratiqué la moto, et en parle avec plaisir…

Le roman débute par une scène de moto. Pour quelle raison ?
Le sujet principal n’est pas la moto. Néanmoins, elle tient un rôle important, et ce n’est pas par hasard. En tant qu’écrivain, j’aime bien traiter des sujets que je connais. De même que, lecteur, je me tourne vers des œuvres avec lesquelles je pressens que je vais avoir une certaine proximité. J’ai beaucoup d’affection pour la moto et pour le monde de la moto.

La moto sportive me permettait d’évoquer des événements dramatiques d’une manière originale. C’est un sujet qui est rarement exploité en littérature, comme dans le cinéma, ou alors de manière caricaturale. Il y a eu des œuvres sérieuses autour de la voiture, voire de la Harley. Pas autour de la moto sportive. Comme c’était un domaine que je maîtrisais, je me suis dit que ce n’était pas idiot de s’en servir.

C’est un véhicule porteur de symboles utiles à l’histoire. Le personnage principal vit dans l’urgence vitale et affective. La moto sportive y fait écho. Elle fait aussi référence au courage.

Vous précisez qu’il s’agit d’une moto sportive, mais pas laquelle. Pourquoi ne citer ni marque, ni modèle ?
Ce constat ne s’applique pas qu’à la moto. Mais à mon style littéraire en général. Je ne donne pas de marque, je ne rentre pas dans des détails techniques. C’est un choix. J’aurais pu indiquer plus de caractéristiques. Je précise juste que c’est un bicylindre parce que c’est un type de moto que j’ai particulièrement apprécié.

À quelle machine pensiez-vous ?
La moto que je décris, sans la nommer, est la Ducati 749. C’est un modèle cher à mon cœur, même s’il ma causé quelques soucis. J’ai eu deux accidents avec, pendant des sorties sur circuit. Pas méchants, heureusement.

Qu’avez-vous apprécié dans ce modèle ?
Tout ! Sur circuit, j’aimais sa rigueur, la rigidité de son châssis, même si le défaut paradoxal était une difficulté à la rattraper quand elle partait.

Avez-vous pratiqué la moto sur route comme sur circuit ?
Oui, d’abord sur route. Mais je me suis rapidement consacré au circuit car je voulais pratiquer en sécurité. Je déplore d’ailleurs qu’il n’y ait pas plus de circuits en France. Je n’ai jamais tellement aimé la vitesse, je préférais les virages lents et techniques. Sur le circuit, on goûte vraiment au plaisir de la moto tel que je l’entends.

Je conçois qu’il y ait d’autres aspects de la moto auxquels on puisse s’intéresser, tels la découverte des paysages, le voyage. Ils ne m’ont pas forcément passionné, pas autant que l’aspect technique du pilotage.

C’est étonnant car, à la lecture du roman, on remarque une description méticuleuse des paysages, avec une dimension poétique. On a l’impression que vous êtes un motard voyageur...
Dans cette histoire j’associe à la moto un caractère contemplatif et observateur. Mais ce personnage, ce n’est pas moi. Je préfère le sport sur circuit. Le personnage d’Abel pratique la moto sportive sur route. Alors, pour écrire ce livre, je me suis inspiré de l’expérience des pilotes au Tourist Trophy. J’ai regardé des vidéos, les documentaires sur cette course, comme « TT La Course de l’Extrême ». Ces vidéos m’ont permis de percevoir ce que l’on pouvait ressentir sur une moto lancée sur la route, dans des conditions extrêmes.

D’ailleurs il y a un petit clin d’œil à Guy Martin dans la description du personnage principal : il porte des pattes et des cheveux longs.

Vous parlez de la moto au passé. C’est une pratique qui a pris fin ?
Je me suis arrêté d’en faire à la naissance de mon premier enfant, en 2009. Pas seulement pour des questions de sécurité, mais parce que la pratique du circuit coûte cher. Le budget pneus notamment est conséquent.

À cette époque je m’étais tourné vers le Supermotard et conduisais une KTM SMC. C’est une des motos que j’ai préférées. Je ne m’en suis pas servi dans le livre, car je trouvais que le style de la sportive correspondait mieux. Mais le Supermotard a été une révélation. Je trouve ce concept sous-estimé. La SMC est équipée d’un moteur particulier, mais c’est facile à piloter et multi-facettes : c’est une moto à tout faire, on peut s’en servir sur n’importe quel circuit, y compris de kart.

Fin de la première partie, pour lire la suite de l’interview, cliquez ici

Critique : Violence latente

Bien décidé à se confronter au frère qu’il a trahi quelques années plus tôt, Abel revient dans la ville de son enfance. Mais il découvre une maison familiale vide. Commence une attente oppressante qui le livre aux réminiscences et aux visions les plus noires.

L’auteur décrit une ville imaginaire, Belisarda, avec le même vocabulaire riche et imagé qu’il utilise pour raconter les paysages traversés à moto ; les sensations éprouvées sous un soleil plombant, quand on attend sur la selle sans rouler, le cuir collant à la peau perlée de sueur. Un thriller fait de violence latente, une carburation tout ce qu’il a de bien réglée.

Thriller : « Le Grand Courage », de Sébastien Amiel, Editions de l’Olivier ; 224 pages, 14 x 20,5 cm, 17 euros.

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