Ça sent un peu le gaz entre l’Europe et les États-Unis, en ce moment ! En cause, des questions de droits de douane, que l’on admet être un rien complexes à comprendre, et dont l’origine remonte aux tentations protectionnistes de l’administration Trump, quand les USA ont commencé à remettre des taxes sur l’importation d’aluminium et d’acier pour protéger leur industrie. En réponse, l’Europe avait elle aussi rajouté des taxes, faisant passer les taxes à l’importation des motos de 6 à 31 % ! À ce moment-là, le surcoût avait été absorbé par le réseau Harley-Davidson, la marque de Milwaukee décidant de ne pas le répercuter sur le tarif client.

Depuis 2019, la situation était revenue à une forme de normalité, avec une taxe de 6 % pour les Harley-Davidson arrivant en Europe. Au passage, notez que le niveau de taxation est plus élevé dans ce sens, puisque les motos européennes de moins de 800 cm3 sont taxées à 1,2 % quand elles partent aux USA, à 2,4 % quand elles font plus de 800 cm3, tandis que les autos le sont à 2,5 %.


Mais que fait Biden ?

Trump étant accusé de mettre facilement un peu d’huile sur le feu, arriva Joe Biden, présenté comme l’homme de l’apaisement. Or, son administration n’a pas fait évoluer de dossier autre que celui concernant Boeing et Airbus.

Rien n’a bougé dans le dossier « acier & aluminium », catégorie dans laquelle entrent les motos de plus de 500 cm3. De fait, l’Europe a répliqué avec une taxe de 50 % en plus, applicable au 1er juin 2021. De facto, cela porterait donc à… 56 % la taxe d’importation des motos Harley-Davidson !


Une mesure punitive ?

Si les Zero Motorcycles ne sont pas concernées par cette mesure, puisqu’elles n’ont pas de moteur thermique, on peut toutefois demander pourquoi Indian n’est pas non plus concerné . Une des hypothèses est que l’Europe est tentée par des mesures punitives, notamment en considérant que les Harley-Davidson fabriquées en Thaïlande, comme la Pan America et d’autres modèles de la gamme, sont, à ses yeux, des motos américaines. Selon des sources réclamant l’anonymat, la question dépasse un peu le domaine des codes douaniers et pourrait s’expliquer par des arriérés fiscaux à éclaircir... Ceci étant évidemment à prendre pour l’instant au conditionnel.

Contactés à plusieurs reprises sur cette question, les représentants de Harley-Davidson France n’ont pas répondu à nos appels.

L’Europe semble aussi décidée à "punir" les entreprises qui ont soutenu financièrement Donald Trump pour sa dernière élection : outre Harley, la liste comprend Levis et Jack Daniels...


Des concessionnaires inquiets

La situation est donc sous haute tension pour Harley-Davidson. Si cette taxe est effectivement appliquée, les motos à 14 000 € vont frôler les 20 000 €, et le haut de gamme à plus de 30 000 € va grimper à 50 000 €. Pour les concessionnaires européens, la menace est réelle : en Europe, Harley-Davidson représente 370 concessions et 5 500 emplois, directement impactés par ce type de mesure.

De fait, les lobbies s’activent des deux côtés de l’Atlantique. L’Association des constructeurs européens de motos (ACEM), à Bruxelles, et l’USMMA (United States Motorcycle Manufacturers Association), basée à Milwaukee (tiens donc !) demandent à suspendre les mesures punitives, tandis que Harley-Davidson a fait appel de la décision européenne. On en saura plus très bientôt, puisque des décisions de la Commission européenne semblent être programmées pour le 19 mai, avec une hypothèse de travail mentionnant un report de six mois de la mise en application.

On vous tient au courant de l’avancée du dossier, mais les concessionnaires allemands (il y a 67 concessions en Allemagne, qui représentent 1100 emplois), qui ont été les premiers à se fédérer contre cette mesure, ont d’ores et déjà annoncé une mobilisation le 1er juin vers Bruxelles, pour se faire entendre avant le G7 prévu du 11 au 13 juin.

Par ailleurs, ils ont lancé une pétition en ligne, accessible ici.

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