Fin 2014, le patron de la Direction à la circulation et à la sécurité routières (DSCR) au ministère de l’Intérieur, Jean-Robert Lopez, a répondu aux questions de Moto Magazine, lors d’une interview essentiellement orientée sur l’expérimentation de la circulation interfile.

En fin d’entretien, il a abordé l’augmentation du nombre d’accidents et de décès entre 2013 et 2014 (estimation de 3.388 tués sur les routes de l’Hexagone en 2014, contre 3.268 en 2013). Des propos d’actualité, alors que le ministre de l’Intérieur vient d’annoncer un train de mesures de sécurité routière, le 26 janvier 2015.

L’accidentalité globale sera en hausse en France entre 2013 et 2014. Est-il envisagé d’alourdir l’arsenal répressif pour revenir à la baisse ?
La France possède un dispositif législatif suffisant en matière de sécurité routière. Le Code de la route mesure 5 cm d’épaisseur… 2013 était une excellente année en termes de statistiques. Avec environ 120 décès de plus, 2014 se situera en retrait, mais reste meilleure que 2012 (3.653 décès). En Europe, l’Allemagne et la Grande-Bretagne observent une hausse cette année.

Sera-ce suffisant pour garder le cap de moins de 2.000 décès sur les routes en 2020, objectif fixé par l’Europe ?
La politique de sécurité routière s’est développée depuis dix ans. Certaines mesures ont été bien acceptées, d’autres moins. Nous disposons de tous les instruments pour aller vers l’objectif fixé en 2020. Je ne suis pas favorable à l’idée de réaliser des coups. Le Comité interministériel de sécurité routière de 2011, mené dans la précipitation, ce n’était pas la meilleure stratégie. Il a abouti à un fort niveau d’inacceptabilité sociale. Il est trop tôt pour tirer les enseignements de la hausse observée en 2014.

Le ministre de l’Intérieur s’est prononcé dans ce sens : il n’est pas productif d’aborder la sécurité routière sous le signe de l’urgence. Il est nécessaire d’obtenir une prise de conscience, pas d’imposer des mesures sous le coup de l’émotion. Les effets d’annonce sont inutiles quand un délai de six mois est nécessaire à l’application d’une décision.

Poursuivrez-vous le développement des radars automatiques ?
En France, le parc des radars est stabilisé à 4.200 unités. Il y aura un renouvellement en 2015 : vingt radars de chantier remplaceront des cabines fixes obsolètes. Quatre radars double face, qui concernent les motocyclistes, seront testés en 2015.

Nous préparons, pour 2015, un décret sur l’harmonisation des plaques d’immatriculation arrière des motos. Elles seront toutes au format 210 x 130 mm, conformément à la recommandation émise par le Conseil national de sécurité routière (CNSR) en juin 2013.

Nous disposons par ailleurs des radars mobiles de nouvelle génération, qui obligent les conducteurs à rester attentifs à leur vitesse et à leur comportement à chaque instant. C’est suffisant.

En 2014, alors que les statistiques de décès sur la route remontent par rapport à 2013, la catégorie des 2-roues motorisés (2RM) se stabilise. Quelle est votre analyse ?
L’ambition est d’être constructif, de travailler avec les associations de motards. Nous ne voulons pas nous tenir dans des positions inconciliables, mais améliorer la sécurité routière.

En juillet 2014, nous avons mené, avec la Chambre syndicale internationale de l’automobile et du motocycle (CSIAM), une campagne sur l’incitation à acquérir un équipement adapté à la pratique de la moto et du scooter. Ce type d’opération permet d’avancer.

L’objectif reste fixé à 2.000 morts en 2020, mais il y a aussi le sujet des blessés, préoccupant chez les conducteurs de 2RM. Améliorer l’équipement contribue à réduire le nombre de blessés. Nos axes de travail en 2015, pour cette catégorie d’usagers, sont l’équipement et la légalisation de la circulation interfile.

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