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Frédéric Péchenard n’est plus délégué à la Sécurité Routière Frédéric Péchenard au salon de la moto de Paris

Contraint ?
Le compte-rendu du Conseil des ministres précise qu’il quitte ses fonctions « à sa demande ». Ce n’est pas ce que nous disait M. Péchenard, le 3 décembre lors d’une discussion informelle après avoir signé la charte « équipement du motard » : « Je suis pour l’instant délégué et directeur de la DSCR, j’assume ces fonctions jusqu’à ce qu’on me mette ailleurs. Il n’y a pas de contre-indication à ce qu’un préfet soit candidat à une élection.

Candidat
Je brigue un mandat de conseiller municipal, j’estime que je peux le faire en restant en poste. Tant qu’on ne me demande pas de partir, je reste à cette fonction que j’apprécie »
. Bluffait-il ? Etait-il déjà un candidat en campagne ? Possible. Mais sa position de candidat UMP restant conseiller d’un ministre de l’Intérieur socialiste aurait été difficilement tenable.

Confiance
On retiendra de Frédéric Péchenard que les acteurs du secteur moto faisaient globalement confiance à ce pratiquant possédant le permis toutes cylindrées. « Nous avons rencontré un homme qui aime la moto », soulignait Thierry Archambault, président délégué de la CSIAM (Chambre Syndicale Internationale de l’Automobile et du Motocycle).

Même ceux qui n’étaient pas toujours d’accord avec lui : « Il sait de quoi il parle et il est à l’écoute, c’est bien », commentait France Wolf, membre du bureau national de la FFMC, le 3 décembre. « Il engage la DSCR sur la moto en signant une charte, ce qui fait que, même après son départ, ce document écrit devra être appliqué. Après, c’est sûr, on sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne. Nous restons dans l’expectative quant à son successeur… »

Emancipation
« J’aime la moto, c’est un outil d’émancipation dès l’adolescence », confiait Frédéric Péchenard. « Mais je dois aussi veiller à sauver des vies. Sur un deux-roues, il faut s’équiper. Je ne suis pas dans l’hyothèse d’une obligation de port des EPI (équipements de protection individuelle). Quand j’ai pris mes fonctions, j’avais des rapports sur mon bureau. L’un d’eux soulignait l’opportunité d’obliger les motards à porter des gants. Je n’ai pas retenu cette solution. Ce n’est pas mon orientation. Je suis favorable à la concertation, à l’incitation plutôt qu’à l’obligation ».

Responsabilisation
La responsabilisation plutôt que la répression aveugle, voilà qui parle aux motards. Il a peut-être compris cela en observant, en sa qualité de directeur de la Police Nationale, le fiasco qu’a été le conseil interministériel de sécurité routière de mai 2011, lorsque le ministre de l’Intérieur Claude Guéant annonçait une batterie de mesure répressives, telles le rétro-réfléchissant obligatoire en conduisant et des plaques d’immatriculation démesurément grandes pour mieux passer sous les fourches caudines des radars automatiques. Obligeant la Sécurité routière, face à la fronde populaire, à un rétro-pédalage en règle des mois durant.

La politique au radar continue… 
Mais M. Péchenard n’a pas infléchi la position répressive de la France sur les radars automatiques. Il affirmait, depuis sa prise de fonctions, que l’on ne dépasserait pas le nombre de 4.000 radars sur les routes.

Ce qui ne signifiait pas moins de répression… les boîtiers installés étant remplacés par des technologies plus performantes, de type radar discriminant ou tronçon. Le délégué restera l’homme des radars « mobiles mobiles », ces redoutables dispositifs embarqués dans des véhicules de police banalisés.

Enfin, il continuait d’affirmer que les radars avaient sauvé plusieurs dizaines de milliers de vies depuis leur implantation, alors que des chercheurs de l’Insee ont récemment démontré que ce chiffre ne s’élevait pas au-delà de 700 vies.

Quid de sa succession ?
Gageons, toutefois, que son successeur restera sur la même ligne pragmatique en ce qui concerne la sécurité des motards, poursuivant l’incitation au port d’équipements de sécurité plutôt que l’obligation d’arborer un gilet jaune en conduisant, voire un airbag…

Nous n’avons, pour l’instant, aucune indication sur le nom de celui-ci. Il pourrait être nommé dès le 11 décembre lors du prochain Conseil des ministres. Seul indice, ce sera un préfet.

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