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La V7 III est à la gamme Moto Guzzi ce que la Pizza est à la gastronomie italienne : populaire et... personnalisable à souhait !
Celle qui truste le top des ventes de moto rétro en Italie - devant la petite Triumph Street Twin - mais peine à s’imposer en France, cède à la mode en proposant désormais 6 modèles distincts autour de la même base V7. Après la Stone, la Racer et la Special présentées l’an passé, voici donc les versions Rough, Milano et Carbon.

3 variations autour du même twin
La V7 « Rough » (« ébauche » en anglais) est équipée de jantes à rayons, de pneus Pirelli MT90 à crampons et d’une barre de renfort au guidon qui lui donnent un côté Scrambler (sans les pots rehaussés, malheureusement).
La Milano reçoit une poignée passager au bout de sa selle matelassée, un compte-tours séparé et des éléments de carrosserie en aluminium brossé.
La Carbon, enfin, produite en série limité à 1 921 exemplaires (l’année de naissance de Moto Guzzi), dispose de pièces réalisées dans cette même matière, de pièces spécifiques en aluminium (bouchon de réservoir, pontet de guidon), d’une selle en alcantara et de couvre-culasses teintés de rouge vif.

Base connue
C’est au petit matin que nous découvrons ces trois machines devant l’usine de Mandello del Lario, où toutes les Guzzi sont construites. Et si la magie des lieux opère sur les amoureux de moto que nous sommes, reconnaissons que les quelques accessoires greffés sur la V7 ne la transfigurent pas : elle reste la moto classique que l’on connaît depuis des années. Une machine simple, avec un cadre à double berceau tubulaire en acier, un gros réservoir du même métal de 21 litres et des commandes qui tombent naturellement sous les mains. Le twin longitudinal de 744 cm3 refroidi par air via de jolies ailettes brossées pointe ses deux cylindres vers le ciel. Chaque culasse n’abrite que 2 soupapes activées par des culbuteurs et l’ensemble délivre 52 chevaux (47,5 ch en version A2), pour un couple de 6 m.kg. Bref, rien d’impressionnant sur le papier, mais à l’usage, ce moteur ne manque ni de charme ni de caractère et sa rondeur enchante. Sa boîte à 6 vitesses, plutôt lente mais verrouillant avec précision, ne souffre que de la fermeté de sa commande d’embrayage hydraulique. Celle-ci actionne un seul disque, une spécificité du modèle qui la dessert un peu dans les manœuvres en ville.

Originalité avérée
Dans un monde moderne où les mécaniques se ressemblent, la Guzzi se singularise sur de nombreux aspects. Sa transmission par arbre (sans entretien) opère un mouvement vertical à chaque sollicitation du moteur et redresse la moto sur ses suspensions. L’effet de couple de renversement, propre aux bicylindres transversaux, fait ballotter le moteur de gauche à droite au ralenti. Ça vit et ça gigote en générant des sensations de conduite qui se démarquent de celles de la production actuelle. Dernier élément de cette transmission, une fine jante arrière de 17 (18 à l’avant) équipée d’un pneu étroit de 130 mm qui permet à la V7 de rester relativement maniable malgré ses quelque 210 kg avec les pleins.

Contrôle de traction
Son train avant n’a rien de sulfureux non plus : la fourche n’est pas réglable et le simple disque de 320 mm pincé par un étrier Brembo à 4 pistons opposés offre juste ce qu’il faut de mordant. Notons au passage la présence de l’ABS obligatoire, mais aussi d’un contrôle de traction rudimentaire déconnectable : sans doute la seule concession à la modernité sur cette machine ! La suspension arrière est d’ailleurs toujours confiée à deux combinés à gros ressort réglable en précharge, rapidement débordés dès que le rythme augmente ou que la route se fripe. Et c’est peut-être sur ce genre de détails que les Moto Guzzi pèchent. Proposer des culasses ou un frein teinté de rouge, pourquoi pas. Mais des suspensions de meilleure qualité, avec un débattement augmenté sur la version « Rough » à la manière d’une Ducati Desert Sled, par exemple, voilà qui permettrait de distinguer un peu plus ces différents modèles.

Le verdict
Si les 9 949 € demandés pour la version Carbon nous paraissent hors de propos, saluons les efforts de la marque pour proposer des solutions de personnalisation homologuées et clefs en main. Dommage que celles-ci soient tournées uniquement vers l’esthétique. Il faudra peut-être attendre l’arrivée de la nouvelle plateforme V 85 pour découvrir des versions plus polyvalentes. Réponse fin novembre 2018, au salon de Milan.

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Fiche technique

Moto Guzzi V7 III Carbon, Milano & Rough (données constructeur)
Moteur
- Type : bicylindre en V à 90° longitudinal refroidi par air, 4 T, culbuté, 2 soupapes par cylindre
- Cylindrée (al. x cse) : 744 cm3 (80 x 74 mm)
- Puissance maxi : 52 ch à 6 200 tr/min
- Couple maxi : 6,12 m.kg à 4 900 tr/min
- Alim. /dépollution : injection / Euro 4
Transmission
- Boîte de vitesses à 6 rapports
- Transmission finale : par cardan
Partie-cycle
- Frein Av (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 320 mm (4 opp.)
- Frein Ar (étrier à x pist.) : 1 disque Ø 260 mm (2 juxt.)
- Pneu Av - Pneu Ar : 100/90/18 - 130/80/17
- Réservoir (réserve) : 21 litres (4)
- Poids annoncé : 209 kg tous pleins faits
- Hauteur de selle : 770 mm
Pratique
- Coloris :
- Garantie : 2 ans pièces et M.O., assistance
- Prix : 9 949 € (Carbon), 9 299 € (Milano), 8 999 € (Rough)