Essai

Baptisée Street, comme pour mieux la cadrer dans son futur milieu naturel, cette moto vouée à circuler dans toutes les villes du monde est révolutionnaire à plus d’un titre. À commencer par son lieu de fabrication, l’Inde. Assemblée dans de nouvelles usines près de New Dehli, c’est la première Harley fabriquée hors des États-Unis, si l’on excepte les Aermacchi siglées HD des années 70.

Nouveau moteur 750 cm3
Le cadre double berceau en acier tubulaire reçoit la seconde surprise du modèle : un nouveau bicylindre en V de 750 cm3 à refroidissement liquide, pour plus de confort en ville. Troisième choc, le prix, qui place une Harley neuve sous la barre des 8.000 €, le plus bas tarif du segment.

Mais en regardant de plus près, de nombreux détails laissent franchement à désirer : soudures du cadre grossières, commandes aux pieds en acier plié mal découpé, klaxon intégré via une simple patte non usinée, commodos en plastique mal vissés… Loin de ce à quoi la marque de Milwaukee nous a habitués !

Au guidon de cette mini-Harley
Les premiers tours de roues confirment le manque de soin apporté à la finition, lorsque les bouchons d’axe de roue en acier, mal serrés, volent dans les jambes de notre petite équipée.

Assis très bas (709 mm) sur une selle relativement molle, les genoux relevés malgré le léger avancement des commandes, les bras bien écartés grâce au guidon haut et basculé vers le conducteur, l’étrange sensation de chevaucher une mini-Harley envahira même le moins grand des bikers.

Un bon point, car avec ces mensurations minimalistes et en dépit des nombreuses pièces en acier (réservoir, garde-boue), le poids reste contenu (222 kg). L’ensemble s’avère aussi facile à débéquiller qu’à manier à basse vitesse.

Adaptée aux débutants
Très discret, le nouveau moteur s’accommode bien à un usage urbain, mais il manque de caractère, et ce, dès le démarrage. Pas de « potato sound », très peu de vibrations, le V-twin ouvert à 60° (comme la V-Rod) prend vite ses tours avec une régularité et une rapidité troublantes d’emblée, surtout pour les habitués de la marque.

Le couple de 6 m.kg à 4 000 tr/min est calculé pour ne pas mettre en difficulté les débutants. En Europe, cette moto peut être conduite par les titulaires du permis A2.

Mauvaise freineuse
À rythme coulé, la partie-cycle montre déjà ses limites. Certes, la garde au sol est satisfaisante, le châssis fait preuve d’une rigidité de bon aloi. Les amortisseurs arrière (réglables en précharge) filtrent bien les cahots, mais la fourche avant à grand débattement, trop molle, pompe à la mise sur l’angle ou sur les bitumes plissés.

Lors des freinages d’urgence, l’étrier à double piston manque d’autant de mordant que le système arrière met vite la piètre qualité des pneus en défaut. L’ABS n’est même pas encore disponible en option…

Verdict
le défi de Harley-Davidson de réaliser un custom compact, facile, économique et capable de séduire tous les marchés, n’est qu’en partie relevé. La Street joue la carte de la facilité d’usage sur un segment déserté par la concurrence, mais peine à se distinguer par cette originalité, ces sensations et cette finition qui font le charme de Harley, du moins dans nos contrées.

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