Essai

À la vue de ce « gros truc », on s’interrogeait sur ses prestations routières. Sa fiche technique ne nous rassurait pas : 1.590 mm d’empattement (aucune GT n’égale ce chiffre !), un pneu arrière de 240 mm, un angle de chasse de 28° (on frôle le genre custom) et un poids tous pleins faits de 240 kg (vérifié) ! Un CV pareil, ça sent les perles de sueur dès les premières courbes… Mais avant cette épreuve, partons donc à la conquête des terrasses de bistrots.

Clef à transpondeur dans la poche, la mise sous tension et le démarrage s’effectuent avec le bouton du démarreur. Le double tableau de bord se met en branle, le 1200 cm3 Testastretta toussote puis donne de la voix. Enfin, plutôt de la gueule : quel vacarme ! Calé sur un petit 1.500 tours, il fait trembler le sol et tourner la tête des passants, qui vous jettent d’entrée un regard plutôt réprobateur. Pour la discrétion, se tourner vers une autre moto !

Une fois assumé le statut qu’offre cette machine, on découvre une moto plutôt à l’aise en ville, braquant correctement (pour une Ducat’), basse de selle (770 mm) mais surtout équilibrée et auto-stable, autorisant le roulage au pas sans poser les pieds au sol. Un très bon point qui ne semblait pas gagné d’avance. Il faut toutefois faire attention de ne pas faire cogner les deux grosses gamelles sous les 2 000 tours et garder en mémoire le gabarit du bestiau. Mais au final, l’exercice urbain est possible, même si ce n’est pas franchement sa vocation.

Pour s’exprimer à plein, la Diavel a besoin d’espace. Une belle ligne droite devant la roue, le « diable » en mode « Sport », un coup sec du poignet droit révèle immédiatement la bête : la Diavel se bande sur ses suspensions, le Testastretta hurle sa rage passé les 4.000 tours, et vous voilà, déchirant le paysage comme une comète, un sourire béat figé sous votre casque ! Car une Diavel, ça pousse, ça gueule, ça vibre comme aucune autre machine, et toute question existentielle sur sa quelconque utilité s’envole à la moindre action sur les papillons des gaz.

Et la Ducati tient aussi le parquet. Garde au sol sécurisante, stabilité en courbe, train avant précis, il est possible « d’enquiller » à une allure que V-Max et autres V-Rod ne peuvent même pas imaginer ! Certes, il y a le poids, l’empattement et l’inertie qui en découle, ce qui limite la rapidité des changements d’appui, mais dans l’ensemble, sentir une si grosse bête sous vos fesses se mouvoir avec une telle aisance prouve le bien-fondé de la conception. Concluons par le freinage, puissant, dosable et assisté d’un ABS (déconnectable) aussi discret qu’efficace.

Verdict. À la vue du monstre, on ne pensait pas se retrouver à pareille fête ! La Diavel sera aussi inutile et vulgaire pour certains que passionnante et addictive pour d’autres, mais la seule chose vraie, c’est que Ducati ne s’est pas raté dans la définition (et la conception) de son « power cruiser », d’autant que la version essayée, en regard de son tarif pourtant coquet, joue bien mieux placée que ses deux concurrentes…

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