Sacré boulot ! Col du Galibier, consécration et fait d’armes des cyclistes ayant entrepris l’ascension. Les pentes d’alpages qui nous mènent au Monétier-les-Bains sont piquées de fleurs, et la chaleur et la fatigue donnent envie de s’écrouler sur ce tapis pour laisser le temps s’enfuir, ivre de ciel et de parfums.
Dans la vallée, la façade désuète du Café des Glaciers a dû connaître de belles réjouissances. Retour à la réalité à la station du Risoul où l’inclinaison des pentes constitue un sévère exercice de motricité.
A 2000 m, se battre avec une moto qu’on ne sait plus faire monter ne pardonne pas, surtout avec un sac à dos trop lourd. Au sommet, nous débouchons sur les premières étendues dépourvues de végétation. Un univers minéral envoûtant marqué par le tunnel du Parpaillon.
La beauté de la montagne dans toute son austérité, inhumaine. Descente sur Jausiers, vallée de l’Ubaye, où l’antédéluvien hôtel du Midi abrite notre nuit.
Troisième matinée : la splendeur du parc du Mercantour pour nous seuls, avec les marmottes qui nous épient de loin en loin. Et dire que pour certains écologistes, nous sommes des criminels.
Col de la Bonette, le plus haut d’Europe à 2 800 m : des nappes de brume s’effilochent, tapissant la route d’humidité. Prudence ! Descente en roue libre, moteurs coupés vers Saint-étienne-de-Tinée sur les lacets de la D 84 : à 50/70 km/h, le vent siffle dans nos casques, les pneus chuintent sur le bitume et c’est simple comme le bonheur…
L’après-midi, première pluie du parcours à l’approche d’Isola 2000 : nous abritons notre chagrin sous la casquette d’un tunnel routier, comme des enfants punis. éclaircie : le moral revient avec une descente exaltante, sur piste et bitume, qui nous mène en Italie.
L’ocre des maisons se fait plus exotique, les cyprès plus présents et les villages se piquent de campaniles. Retour à la frontière en altitude par le col de Tende.
Le vent dissuade de toute velléité de pique-nique mais le panorama sur les lacets en contrebas est somptueux. Kilomètres de descente à flanc de ravin, tout au plaisir d’inscrire nos machines dans les courbes.
Bouquet final en arrivant sur Tende : une voie pavée nichée, des kilomètres durant, sous les feuillages. L’impression de glisser sur les traces de soldats romains.
La ville de Tende dont les maisons s’accrochent à la colline nous offre le dortoir d’un gîte. Le lendemain, l’humidité monte des gorges de la Roya mais le soleil commence à cogner sur notre ascension du col Linaire. Comme la veille, magnifique piste en corniche pas trop large et un peu cassante pour bien se sentir piloter comme il faut.
Nos motos sont des cabris. Nouvelle incursion en Italie et déjeuner à Pigna. Nous dégustons des gelati en regrettant de devoir délaisser le nid d’aigle de Castel Vittorio.
Ça sent la fin, la mer est proche. Souffles d’air chaud, odeur de garrigue, crissement des cigales, alignements d’oliviers et soudain, au détour d’un virage en corniche, là-bas au loin, la « grande bleue ». Quelques kilomètres encore et plongeon mérité sur la plage de Vintimille. Nos machines nous ont transportés sans encombre : plaisir du pilotage TT mêlé à la découverte touristique et jeu de pistes à la lecture des cartes.
Loin des encombrements et des risques de la route, une belle idée a fait son chemin...