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CRS en colère : Pierre Cavret, de l’UNSA-police CRS en colère : une circulaire sans équivoque

« Nous ne sommes pas des percepteurs d’impôts »

« L’Opération Prévention » consiste à ne pas verbaliser les infractions jugées non-dangereuses, comme par exemple les excès de vitesse de moins de 20 km/h hors agglomération. L’UNSA police, syndicat majoritaire au sein de la police, estime que le mouvement est suivi par près de 90 % des motards CRS affiliés à l’UNSA, soit 70 % du total des syndiqués.

Les policiers dénoncent notamment le choix qui est fait d’imposer des quotas de PV par agent. Un procédé qui est plus voué à faire rentrer de l’argent dans les caisses que de favoriser la sécurité de manière durable.

Quotas de PV, ce n’est pas une légende

« Tout le monde le sait, il existe dans la police une prime au résultat. Plus vous verbalisez, meilleures sont les chances d’avoir une prime. C’est la "prime au résultat exceptionnel", qui est en train de pourrir le milieu policier », se désole Pierre Cavret. « Il s’agit aussi de montrer que nous n’acceptons pas cette vision de la police. En faisant de la prévention, nous voulons prouver qu’on peut obtenir les mêmes résultats de sécurité qu’avec l’unique répression. Et sans que les usagers soient pris pour des vaches à lait. »

« Pour un effectif de 600 motards, le manque à gagner dû à notre action est évalué à 1 million d’euros par mois. Ce qui ne représente qu’une part minime de ce que rapportent l’ensemble des PV dressés par les agents des forces de l’ordre. Nous avons bien ici affaire à un impôt indirect et nous en avons assez d’être considérés comme des percepteurs ! »

Rendre son image et son rôle préventif à la police

« Auparavant, le motard de la police jouissait de l’image de "l’ange de la route", du policier qui rend service. Aujourd’hui, cette image s’est détérioré. Il ne s’agit pas de dire que la répression est inutile, mais il faut trouver le juste compromis avec la prévention. »

S’ils ne remplissent pas les quotas de PV, les policiers ne touchent pas de prime. Plus grave, ils peuvent subir des sanctions disciplinaires. Bien sûr, ici, cette menace plane. Pour preuve, nous nous sommes procuré deux circulaires internes émanant de la Direction générale de la police nationale, qui dépend du ministère de l’Intérieur. Leur contenu est éloquent : il y a bien confusion entre sécurité routière et rendement en termes de contraventions.

Extrait d’une note envoyée aux directeurs zonaux des CRS à propos de la baisse de verbalisation : « Je vous prie de bien vouloir prendre toutes dispositions pour contrôler l’activité individuelle de chacun des motocyclistes placés sous votre autorité et de tirer les conséquences disciplinaires d’une inactivité qui se prolongerait après la mise en demeure que vous aurez adressée aux intéressés. Je les traduirai sans aucune faiblesse devant le Conseil de discipline en engageant la procédure de déchéance de leur spécialité de motocycliste. »

La crainte des effets pervers du CSA

« Si nous continuons dans cette voie, nous allons observer le même phénomène qu’en Angleterre : après quelques années de bons résultats grâce aux radars, la mortalité routière repartira à la hausse. Sans compter les effets secondaires du CSA (contrôle-sanction automatisé, NDLR), comme le nombre grandissant de conducteurs sans permis », conclue Pierre Cavret.

En tant qu’hommes de terrain, les fonctionnaires de police connaissent les comportements qui représentent un réel danger. Leur coup de gueule fera-t-il prendre conscience à leur hiérarchie, jusqu’à son sommet, qu’il est temps de changer de cap en matière de sécurité ?

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