Avant et après l’accident

« Il s’agit de récupérer des données précises quinze secondes avant et après une collision ou un brusque freinage : vitesse du véhicule, port de la ceinture, déclenchement des airbags, mise en route du clignotant », explique Jean-Yves Lamant. « Leur exploitation serait réservée aux seules forces de l’ordre. L’idée est bien d’avoir son avocat avec soi dans sa voiture et non un gendarme qui ne dirait pas son nom. » Ben tiens…

Sponsors !

En Moselle, la préfecture compose le tour de table d’un comité de pilotage. « Il faut trouver des partenaires et des sponsors car il faudra financer l’installation des dispositifs », précise Patrick Langinier, coordinateur sécurité routière à la préfecture, à Metz. « Mais pour le préfet, c’est un geste fort que d’être précurseur sur cette question. » La ville de Metz est pressentie pour équiper sa flotte de véhicules de boîtes noires. Le coût d’une boîte noire est estimé entre 40 et 250 euros. Aux frais du contribuable ?

Effets à très long terme

Chez les associations d’usagers de la route, on se montre moins enthousiaste qu’à la LCVR. La Fédération française des motards en colère (FFMC) est dubitative quant à l’utilité d’un enregistreur de données routières, qu’il serait d’ailleurs possible d’intégrer à une moto : « L’instauration progressive d’une boîte noire n’aura des effets que dans 20 ans, quand tout le parc sera équipé, alors que l’objectif de 2.000 morts affirmé par Manuel Valls est pour 2020, dans 7 ans… »

D’autres enjeux plus importants

La FFMC estime que les problèmes sont ailleurs : « L’enjeu majeur en termes de sécurité routière, ce sont les jeunes de 18-25 ans et les conducteurs de deux-roues motorisés (2RM). » Deux populations qui, a priori, ne seront pas parmi les premières équipées, étant donné que les boîtes noires seront d’abord installées à bord de véhicules neufs.

Éducation d’abord !

« L’effort est à porter sur la coexistence entre 2RM et automobilistes, insuffisamment formés, poursuit la FFMC. Plus de la moitié des accidents mortels impliquant un 2RM est causée par un tiers qui n’a pas contrôlé la présence du véhicule à deux-roues dans son environnement. »

Obligatoire aux États-Unis

Les partisans de l’EDR avancent comme argument que l’appareil va devenir obligatoire aux États-Unis. « La mesure y est prise pour des motifs juridiques, à l’initiative des constructeurs d’autos qui cherchent à se défendre, à l’avance, d’éventuelles attaques juridiques de leurs clients utilisateurs des véhicules qu’ils produisent, et non pour des raisons de sécurité routière proprement dites », rétorque la FFMC.

À l’image de l’éthylotest, l’EDR ressemble à ce genre d’artifice que l’on souhaite imposer aux conducteurs. L’idée d’imposer la boîte noire sur les véhicules en circulation est en phase d’évaluation au Conseil national de sécurité routière (CNSR). La Moselle pourrait abriter un premier test grandeur nature.

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