Balades en France

French Mississippi
Une fois débarqué, on découvre le Médoc, plat pays autrefois marécageux. La mise en valeur de ces terres ingrates date des XVIIIe et XIXe siècles.
- Et certains clients américains des crus prestigieux qui sont ici produits prétendent que les berges de l’estuaire leur rappellent le Mississippi ! Les roses plantées au pied des rangs de vigne égayent le paysage de taches de couleur. -Et l’on tombe sous le charme quasi romain des chartreuses, ces villégiatures viticoles édifiées comme autant de maisons bourgeoises de campagne.
- Ce n’est rien de dire qu’ici, pour l’amateur de vin, les noms chantent sous la langue : Mouton-Rothschild, Saint-Estèphe… Suivant votre budget et votre savoir, vous prendrez plaisir à déguster et à acheter en direct, en découvrant un métier impressionnant où l’on vous expliquera l’art patient des assemblages de cépages.
- À la hauteur de Pauillac, en empruntant la D2 qui mène à Saint-Estèphe, les cabanes sur pilotis s’alignent le long de l’estuaire, avec leur carrelet, ce filet de pêche que l’on actionne à l’aide d’un treuil. Plus loin, vers l’océan, la moto prend ses aises et « trajecte » sur la D6 et ses virages à travers les pins.
- Le sable gagne sur la route et l’on arrive à Lacanau, le paradis des surfeurs. Ensuite, à défaut de trouver beaucoup de virages dans ce touristique bord de mer, on apprécie la possibilité de s’affranchir à moto du trafic estival.

Secoué, le bassin
Secoué l’an passé par la crise des huîtres interdites à la consommation, le bassin d’Arcachon a depuis retrouvé une activité plus sereine. Après avoir longé la D106, en marge des nombreuses stations balnéaires qui s’égrènent jusqu’au bout de la presqu’île avant le Cap-Ferret, on s’attardera à loisir au village de L’Herbe, site hautement photogénique avec ses cabanes en bois colorées.
- À l’entrée du village, l’hôtel de la Plage évoque « Les Vacances de Monsieur Hulot », de Jacques Tati. Plus loin, les ostréiculteurs ont aménagé de sympathiques petites terrasses qui permettent de déguster une douzaine d’huîtres dans le meilleur des contextes.
- En regardant passer les pinasses, ces bateaux à fond plat typiques du bassin.

Quiétude à la Modiano
De l’autre côté, juchée sur sa colline face au Cap-Ferret, la ville d’hiver d’Arcachon a été créée à la fin du XIXe siècle par les frères Péreire, de riches financiers, pour accueillir une clientèle aisée, friande de bains de mer.
- Ses rues calmes, bordées de somptueuses villas, échappent à l’agitation du remblai et proposent un univers à la Modiano où l’on prendra le temps de flâner pour goûter une atmosphère surannée si reposante face à la fièvre consumériste et l’hystérie touristique actuelles.

Une mer d’arbres
Après le bain de foule des bords de mer, rien de tel qu’une petite retraite au pays des arbres. Dans le parc régional des Landes, les routes désertes offrent le plaisir de rouler sans subir le trafic.
- Ce qui n’exclut pas la prudence, même à allure modérée, du gibier pouvant toujours surgir à l’improviste.
- À Lencouacq, une ardoise placardée sur la façade du Cercle des Travailleurs avertit d’ailleurs d’une battue au renard. Diable ! Pour les amoureux de solitude et de nature, le parc des Landes est un pays qui se mérite, où même les villages se font calmes et silencieux, comme endormis sous l’effet d’un enchantement, né dans l’immensité d’une forêt rectiligne conçue par l’homme.
- Une pinède souvent décrite comme une mer houleuse sous l’effet du vent dans les ramures. Par la D561, on gagne Argelouse, où le prix Nobel de littérature François Mauriac situa l’action de son roman « Thérèse Desqueyroux ».
- De la bourgeoisie des vignobles à celle des pinèdes, ses ouvrages décrivent un univers féroce, construit sur des générations faites de l’ambition des uns et du renoncement des autres…
- À lire en tout cas pour bien comprendre la société locale, en visitant éventuellement sa maison de Malagar, près de Langon.
- Après ces perspectives édifiantes, étape à Sauternes pour une dernière dégustation avant de rentrer sur Bordeaux, dont on apprécie les aménagements piétons qui permettent de goûter la noblesse de l’architecture néoclassique tout comme le charme des ruelles médiévales. Sous le regard des mascarons, ces masques de pierre facétieux ou grimaçants qui ornent le fronton des maisons, on se dit que la vie ici a du bon…

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