Au col, le motard amateur de belles plantes s’arrêtera au jardin botanique alpin, témoin de la passion centenaire d’universitaires grenoblois pour la flore des sommets. Les autres ouvriront leur visière et profiteront de l’air vivifiant qui descend de la barre des Écrins.
Culminant à plus de 3 000 mètres, ce massif imposant, où l’on pratique le ski hors piste et la randonnée, constitue une frontière climatique entre les frimas montagnards et la chaleur méditerranéenne. En toute saison, il faut s’équiper d’une polaire, quitte à la mettre dans la sacoche réservoir à mi-parcours.

Amuses gueules

La descente vers Briançon se dessine en de larges virages à travers les pâturages. La route est propre, sans plus, et au printemps, gare aux plaques de verglas matinales… La D1091 (ex-N91) offre alors un impressionnant point de vue sur les versants abrupts et grisâtres des pics de Combeynot (3 117 m), les Grandes Rousses et le Roc noir (3 155 m). La montagne, c’est sûr, est plus forte que nous ! Mais attention de ne pas trop se laisser distraire : la chaussée est fréquentée, été comme hiver, par les camping-cars, voitures et vélos. Il s’agit en effet d’un axe névralgique pour les touristes de tout poil (skieurs, randonneurs, cyclistes) comme pour les autochtones.
Au carrefour de quatre vallées, dont celle de la Durance, la ville de Briançon détient le principal maillon des fortifications érigées par Vauban. La partie haute de la cité ressemble encore à un village médiéval (suivez les panneaux Briançon-Vauban), tandis que la partie basse constitue un nœud routier très fréquenté. On passe…

L’entrée

N94 avant Guillestre, puis D902 jusqu’au col de Vars et Saint-Paul-sur-Ubaye ; D900 vers Barcelonnette (50 km, 1 h 10). La nationale 94, entre Briançon et Guillestre, est une étape de liaison qui n’offre guère d’intérêt. On conseille cependant la visite de Mont-Dauphin (à gauche avant Guillestre), forteresse Vauban là encore, érigée sur un promontoire rocheux, remarquable par ses arêtes rectilignes au milieu d’un paysage sauvage. Elle est aussi intéressante pour son architecture militaire typique que pour le panorama qu’elle offre sur la vallée de la Durance.
À Guillestre, on obliquera à gauche sur la D902 pour grimper vers le col de Vars (2 109 m). Le motard aux gommes froides fera attention, sur les petites routes de montagne, aux aspérités de la chaussée dues au gel. L’Équipement fait son travail à la sortie de l’hiver, mais en toutes saisons, il reste quelques ornières.
La montée vers le col de Vars s’annonce comme l’un des segments joueurs du parcours, avec ses virages serrés au milieu des prairies. La route est parfaite et moins fréquentée qu’au Lautaret. Lâchons-nous jusqu’à la descente, vers Saint-Paul-sur-Ubaye, la plus grande commune de France en superficie. Cet endroit est réputé pour être un paradis des randonnées pédestres, ou des sports d’eau vive sur l’Ubaye. D’autres plaisirs nous attendent, ils sont motorisés…

Le plat de résistance

D902 de Barcelonnette au col de la Cayolle, puis D2202 vers Guillaumes et les gorges de Daluis ; puis N202 jusqu’à Saint-Julien-du-Verdon et D955 jusqu’à Castellane (117 km, 2 h 20). Nous ravitaillons en carburant, puis bifurquons sur la D902, route d’accès au col de la Cayolle (2 326 m), qui constitue la portion la plus technique de l’itinéraire. On se croirait sur un chemin vicinal tant elle est étroite. La chaussée recèle des difficultés : pierres ayant chuté des parois verticales, ornières, méfaits du gel, étroits passages entre les décrochements calcaires, et rencontres impromptues avec les cyclistes… Il s’agit de rester prudent, et d’en profiter pour admirer un environnement de toute beauté.
À mi-montée, la forêt de mélèzes s’arrête en une ligne horizontale quasi géométrique. Elle fait place aux pâturages qui, plus haut, cesseront eux aussi, battus par des pierriers dominants en plein vent. L’arrivée au sommet s’effectue dans un paysage lunaire, hostile. Ce qui accroît son charme… Les pics alentour se penchent sur l’humble motard pour lui rappeler qu’il n’est en aucun cas le maître des lieux. Celui-ci pourra s’arrêter de l’autre côté du col, et s’abriter derrière les rochers pour se reposer. Il restera prudent dans la descente, jusqu’au Pont-St-Roch (avant Guillaumes).

La D2202 s’élargit ensuite, et devient joueuse. Le conducteur fera le plein de fraîcheur dans la forêt. Il pourra même s’arrêter sur le rivage de joyeux torrents à rafting. Puis il s’engouffrera dans le canyon des gorges de Daluis, creusé par les eaux des torrents dans un sol de pélite rouge. Cette roche aux reflets métalliques oxydés fera plonger l’amateur de belles mécaniques dans l’ambiance d’un vieil atelier.
La montagne, c’est terminé, il s’agit de rejoindre la Méditerranée en passant par le lac artificiel de Castillon. Le barrage éponyme fut construit en 1929, créant l’étendue d’eau, et noyant par la même occasion quelques villages autour de Saint-Julien-du-Verdon. Il paraît qu’on voit poindre, quand le niveau d’eau est bas, la girouette d’un clocher englouti. La D955, entre Saint-Julien et Castellane, permet d’observer le spectacle grandiose des versants vertigineux plongeant dans l’étendue aquatique.

Le dessert

D952, de Castellane à Ponts-de-Soleils, puis D955 jusqu’à Comps-sur-Artuby et Draguignan (59 km, 1 h 04). La ville de Castellane s’impose comme un point de passage, carrefour des nationales qui convergent vers la mer, l’Italie… On se désaltérera à une terrasse de la place principale, sans s’attarder : les sinueuses du Haut-Var nous attendent !
Avant Draguignan, entre Alpes-de-Haute-Provence et Var, la végétation change subitement. On plonge dans la Provence, entouré d’épineux, de chênes et de genêts. La route devient d’une exceptionnelle qualité dès qu’on entre dans le département du Var, sur le versant nord-est du Pierrion, après la petite commune de Soleils, qui porte bien son nom. Les virages larges et rapides se succèdent, comme une offrande au motard gavé de sensations et d’images d’une rare variété.
Entre Hautes-Alpes et Var, Paca lui a offert ses écrins cachés. De quoi donner envie d’y retourner encore et encore, entre les saisons, au moment où le touriste se fait plus rare, et laisse de la place sur un goudron à température.

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