L’alcool intervenant dans 31 % des accidents mortels, une loi va bientôt imposer aux discothèques et autres débits de boisson nocturnes de mettre des éthylotests à disposition de leurs clients. D’après Le Figaro, qui évoquait l’information hier jeudi sur son site, « l’arrêté faisant obligation aux discothèques de se doter d’un dispositif de dépistage d’alcool est en cours de signature par les trois ministères concernés : les Transports, l’Intérieur et la Santé ».

La mesure avait été annoncée en 2008 et inscrite dans une loi de mars 2011 ; elle devrait entrer en vigueur à l’automne prochain. Elle concerne tous les établissements ouverts de 2h à 7h du matin, soit 5.500 discothèques, cabarets et autres « bars à ambiance musicale ». L’immense majorité des bars de l’Hexagone fermant plus tôt, ils n’auront pas à s’y plier.

Les gérants des structures concernées auront le choix entre l’éthylotest chimique ou l’électronique, mais devront disposer d’un stock suffisant. « Concernant les éthylotests chimiques, le texte impose un nombre minimum obligatoire : 50 et ce quelles que soient les capacités d’accueil de l’établissement [et] le stock devra correspondre au quart du taux de fréquentation », précise Le Figaro. Pour les éthylotests électroniques, « le client ne devra pas avoir à attendre plus de quinze minutes pour l’utiliser, ce qui correspond à une borne pour 300 personnes ».
Chimique ou électronique, l’acquisition des éthylotests se fera aux frais des gérants.

« Une mesure parfaitement inefficace »
La nouvelle ne fait évidemment pas l’unanimité chez les professionnels de la nuit. Certains craignent de voir naître des concours de beuverie, l’éthylotest en guise de jury. Pour parer à cette éventualité, Didier Chenet, président du Syndicat des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat), propose de « laisser la possibilité aux responsables des établissements de rendre payant l’éthylotest ou l’usage de la borne ».

Patrick Malavaës, président Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs (SNDLL), est bien plus virulent : « C’est un texte anti-boîte de nuit. Il ne fera qu’enrichir les fabricants de bornes dont les résultats ne sont pas toujours fiables. (…) Nous allons voir s’il n’y a pas un moyen juridique de s’y opposer. »
Il juge la mesure « parfaitement inefficace » et craint les ennuis judiciaires pour les gérants si un accident impliquant un client aviné survient à la sortie de leur établissement.

Pour Patrick Malavaës, qui rappelle que les professionnels de la nuit n’ont pas pouvoir de police et ne peuvent donc empêcher un client de partir, la solution réside dans les éthylotests anti-démarrage sur les véhicules.

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