Novembre 2007. Lakamy et Mohsin, deux adolescents de 15 et 16 ans habitant Villiers-le-Bel (Val-d’Oise), circulent sans casque sur une mini moto. À un carrefour, ils percutent une voiture de police qui venait de la droite et meurent sur le coup. L’enquête déterminera qu’ils roulaient à 66 km/h.

Un engin non-homologué sur route, pas de casque et un refus de priorité, pour Marie-Thérèse de Givry, procureur de Pontoise, l’affaire est claire : les policiers, qui ont « pu être valablement surpris », sont hors de cause. Elle estime en effet que les « fautes graves » du conducteur de la moto ont constitué « la cause unique et exclusive » de l’accident. Dans sa réquisition, datant du 17 septembre, elle demande donc le non-lieu pour les policiers.

Torts partagés ?… même pas
La réquisition n’est pas acceptée par les familles des victimes. On peut le comprendre : le procureur a éludé une partie des résultats de l’enquête, qui a déterminé que les policiers aussi étaient en excès de vitesse.

L’analyse des capteurs de l’ABS de leur voiture a démontré qu’elle roulait à 64 km/h et était en phase d’accélération. Et ce alors qu’ils n’étaient pas en intervention : le gyrophare et la sirène de leur voiture ne fonctionnaient pas. À ce titre, on pourrait alors considérer que le conducteur de la moto, malgré ses torts, a lui aussi pu se trouver « valablement surpris »…

Pour Me Jean-Pierre Mignard, avocat des familles des victimes, il s’agit d’une nouvelle illustration d’une justice à deux vitesses : « Un conducteur lambda impliqué dans un homicide involontaire est mis en examen. Là, les policiers n’ont même pas été entendus comme témoins assistés », s’indigne-t-il.

De son côté, Didier Vaillant, maire de Villiers-le-Bel, plaide pour une audience publique afin que la justice soit mieux comprise et, craignant probablement de nouveaux heurts, a lancé un « appel à la sérénité et à la responsabilité », rapporte le quotidien Le Monde.

(Source France Info/Le Monde)

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