Une course très dure, entre éclaircies et pluie battante

Samedi 18 juin, 15H00. Alors que partout en France les motards manifestent leur colère, ici on met les gaz à fond. C’est parti pour deux tours d’horloge. Dès les premiers tours, le son strident des deux-temps l’emporte sur celui plus rauque des 125 4T et il en sera ainsi pendant toute la course. Il y a une quarantaine d’équipages engagés avec beaucoup de jeunes pilotes bien sûr. Mais les « vieux » ne manquent pas et dans beaucoup de teams c’est presque une histoire de famille avec le père, le fils, le neveu, le concessionnaire, l’apprenti…

Le plus jeune pilote, Martin Renaudin, est né en 1998 et le plus ancien, Christian Fameau, en 1954. Il y a presque deux génération entre ces deux pilotes, mais une passion commune efface cette différence. « Ce qui est drôle », nous confie Dominique, le team manager de DG Moto 53, « c’est que les anciens sont heureux de voir les jeunes rouler plus vite qu’eux. Ils voient dans cela une suite logique, comme une retransmission de la passion pour la course ».

Après 6h de course, alors que le soleil se couche entre averses et éclaircies, la domination des deux-temps se confirme. On trouve les petites 80 cm3, dont certaines disposent largement des 25 ch réglementaires à la roue arrière, aux sept premières places avec en tête le team

Guilmet et leur Peugeot TXR7 (pas mal modifié !!!). Le premier 4T est la Yamaha n° 42 du team les Picarloux, à la huitième place et avec déjà 11 tours de retard. Les deux pilotes qui participent au championnat de France de Rallyes routiers sous les couleurs motomag.com, Nicolas et Florent Derrien, sont respectivement deuxième et cinquième de leur catégorie. Pour Nicolas qui court avec la Supermotard HM à moteur Minarelli 4T, « On manque cruellement de watts par rapport aux 2T, mais comme on est en deux catégories séparées, ceci a moins d’importance et l’on se concentre sur notre course 4T. L’avantage du supermotard, par rapport à une 125 avec des bracelets, est la facilité avec laquelle on enchaîne les virages. En ligne droite par contre… ».

Les heures passent…

Pendant la nuit, alors que la température chute et les orages s’enchaînent, dans les stands et sur la piste on goûte aux joies et aux désillusions de l’Endurance. Il y a la fatigue qui prend le pas sur l’excitation du départ, mais aussi la découverte du pilotage de nuit pour bon nombre de pilotes. Contrairement aux autres courses du championnat qui se courent sur 4H (de jour donc), ici il a fallu adapter des éclairages et pour bon nombre d’équipages ça sera une source d’ennuis. « Au fond du circuit, là où il n’y a presque pas d’éclairage, je me base sur les autres pilotes pour savoir à quel moment je dois commencer à freiner. Je ne vois rien, je devine ! », nous confie le petit Simon. Du coté du panneautage en revanche, c’est un peu la débandade et bon nombre de personnes chargées d’informer leurs pilotes n’indiquent plus que l’à-peu-près. La jeune Marine par exemple, venue pour relever les chronos de son team, n’arrive plus à suivre le passage du pilote : « Je suis éblouie par les lumières et de plus je commence à m’endormir… »

En tête de la course en revanche la cadence ne mollit pas, autant en 2 qu’en 4T. Au bout de 15H de course, le team Guilmet se permet même de changer le piston de la Peugeot/YZ (! ) en seulement 13 minutes, sans perdre la tête de l’épreuve. Le team 42 les Picarloux quant à lui, dans une ambiance toujours aussi festive, caracole en tête des 125. La plus mauvaise opération du petit matin ce sera finalement pour le team n°32 SLM Malossi. De loin les plus rapides en piste des 125 4T, leur machine déclarera forfait sur casse mécanique. Les teams n°69 (Scoot Fast) et le n°2 (LCO Racing), tous deux engagés en 80 cm3, connaîtront des fortunes diverses à cause de chutes ou pannes. Dommage car ces deux équipages sont, dans l’absolu, les plus rapides sur la piste.

…jusqu’au bout de 24H de course !

En attendant la fin de la course, nous discutons avec Gilles, un commissaire de piste venu avec son fils, lui aussi commissaire bénévole. Nous lui demandons pourquoi il participe à cette course de 24H… « Sur une course d’endurance, pilotes et commissaires, on partage tous le plaisir de la course, les moments forts et les moins drôles de celle-ci. Finalement, c’est un peu comme un jeu de rôles où chacun doit trouver sa place et apporter sa contribution à la réussite de l’entreprise. Je suis commissaire aux 24H moto, mais je viens ici avec bien plus de plaisir car ce sont des jeunes qui tournent et c’est eux qui assurent la relève de ce sport ». Alors que les jeunes pilotes qui se gavent de boissons énergisantes pour tenir le coup, Gilles préfère une bonne tranche de rosbif…

Au bout de deux tours d’horloge, dimanche 19 juin à 15H00, le drapeau à damier tire sa révérence à tous ces pilotes, jeunes et anciens, qui ont enduré une épreuve difficile et humide.

Dans les stands, on s’embrasse, on fête sa place ou l’on cultive les regrets en se disant que l’année suivante ça sera autrement… Certains commencent à démonter leur stand, d’autres attendent la remise des coupes. C’est l’équipage n°101 qui remporte la victoire en catégorie 80 2T et le n° 42 celui des 125 4T. Mais ce n’est pas le plus important, ce qui compte est la joie qui se lit derrière tous ces visages fatigués. Pilotes, mécaniciens, panneauteurs et autres accompagnateurs ont tous l’impression d’avoir vécu un moment fort et il y a fort à parier que dans quelques jours ils seront à pied d’œuvre pour préparer la prochaine édition. Magie de l’Endurance !

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