Ce contrôle de l’accès aux villes par la vidéo surveillance était déjà dénoncé par la FFMC en 2012, à l’époque ou les ZCR s’appelaient encore les ZAPA (Zone d’Actions Prioritaires pour l’Air). L’idée fait donc son chemin.

Notons au passage que les ZAPA, devenues ensuite ZCR ont été rebaptisées ZFE (Zone à Faibles Émissions), glissement sémantique subtil dont les amateurs de PNL (Programmation Neuro Linguistique) ont le secret… Faibles émissions c’est bon pour la santé, alors que restriction de circulation, ça fait tâche dans le pays de la liberté (mais ça c’était avant).

Verbalisations automatiques
Seul bon coté dans tout ça. Inutile d’acheter cette foutue vignette crit’air (puisqu’on vous disait qu’il fallait la boycotter…). La plaque d’immatriculation suffit à identifier le type de véhicule, dont la date de première immatriculation permet de déterminer si le véhicule a le droit de rouler ou pas. La verbalisation est simplifiée par le LAPI (Lecteur Automatique de Plaque d’Immatriculation), nouvelle arme du dresseur de contravention : le PV est envoyé directement au domicile du propriétaire. On nous a déjà fait le coup avec les radars automatiques.

Extension de la vidéo verbalisation
Cette nouvelle ère de la vidéo surveillance des conducteurs s’est d’ailleurs déjà étendue à la détection de véhicules non assurés.
Soit… passe encore pour les certificats d’assurance, après tout ça fait quand même depuis 1958 que l’assurance automobile est obligatoire, et l’on peut sans doute légitimement vouloir empêcher la circulation des automobilistes suffisamment irresponsables pour circuler sans assurance.
Mais pour Crit’air, avec le traitement « de faveur » pour les motos (les moto d’avant 2000 n’ont déjà plus le droit de rouler, alors que les diesels de 97 peuvent circuler), les motards ont de quoi chouiner. Le motard qui a acheté sa nouvelle moto fin 2003 n’a déjà plus le droit de rouler avec. Du coup, il aura bien du mal à refourguer sa déjà-ancienne moto quand bien même il voudrait racheter une moto aux dernières normes. Rappelons que les 2RM parcourent en moyenne 3500 km/an et qu’un engin de 15 ans ne totalise souvent que 50 000 km (et pourtant déjà bon pour la casse). D’autant que initialement limitées à Paris, les zones de restriction de la circulation se multiplient. La France en compte désormais une trentaine et ça continue de s’étendre (Bordeaux, Grenoble, Strasbourg... et bientôt l’ensemble de la petite couronne francilienne).

Double peine pour les jeunes
Quant aux jeunes permis qui ont bien rarement les moyens de s’acheter une moto neuve et qui traditionnellement se rabattaient sur le marché de l’occasion, c’est la double peine pour eux : d’une part avec les critères du permis A2 pendant les deux premières années de permis, désormais applicables à tous les conducteurs novices, et d’autre part l’obligation maintenant effective et bientôt vidéo-contrôlée d’avoir une moto récente (mais de moins de 35kw et 0,2kw/kg pour ceux qui suivent…). Pour les jeunes, la possibilité de rouler se retreint de façon drastique.

Alors, on veut tous faire un effort pour l’environnement (rouler en vélo électrique, c’est très sympa et économique), mais à force de raisonner en terme de restriction et de verbalisation, sans prendre en compte la dimension sociale de la mobilité, certains Khmers verts sont juste en train de rendre l’écologie antipathique. Le contraire de ce qu’il faudrait faire en quelque sorte.

Retrouvez le dossier complet « Moto et Pollution : l’enfumage » dans le N°327 de Moto Magazine disponible sur la boutique en ligne de motomag.

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