Essai

Au bord du lac de Côme, on a entendu les critiques et on a pris le temps de peaufiner la bête. Exit le twin à deux soupapes par cylindre, place au moderne bloc « 8V » plus puissant et plus coupleux, monté avec un embrayage monodisque plus doux et une électronique affinée. Les suspensions sont retouchées, la fourche est plus progressive et l’amortisseur arrière est taré plus dur.

L’ergonomie et la protection ont aussi bénéficié de l’amélioration de la position de conduite (selle plus large, guidon plus bas, carénage plus aérodynamique et en une seule pièce). Ajoutez un équipement de série complet avec ABS, bulle électrique et poignées chauffantes, et voilà la Norge GT 8V prête à défier les lourds paquebots du segment…

La prise en main est aisée et la position naturelle. La selle est moelleuse et tout tombe bien sous la main. On note quelques soucis de finition encore perfectibles autour du tableau de bord : logo Guzzi collé de travers sur le té supérieur, quelques fils électriques baladeurs à l’intérieur du carénage. Mais on oublie vite ces détails dès que le twin donne de la voix.

En ville, la Norge est docile. Auto-stable à basse vitesse, dotée d’une transmission par arbre d’une douceur qu’une BMW pourrait lui envier et d’une injection désormais douce et précise, elle est plaisante à mener entre les voitures à l’arrêt. Difficile de faire GT plus conciliante dans ces conditions. Mais la raison d’être d’une GT, c’est la route, alors andiamo !

Bulle en position haute, pas de turbulences dans le casque mais la protection n’est pas au top : les épaules restent « dans le vent ». RAS, par contre, au niveau des jambes et des mains. Le twin n’a aucune peine à vous emmener, son souffle semble sans fin, malgré une légère baisse de tension entre 4.000 et 5.000 tours. Mais son « tempo » enjoué passé ce cap est un vrai plaisir ! Les 102 ch annoncés sont bien là, secondés par une boîte bien étagée et douce si l’on prend le temps de décomposer la manœuvre et d’éviter les passages « à la volée ».

Une GT qui se comporte correctement sur la route, c’est normal. Mais constater que sur les petites routes tourmentées de Toscane, la Guzzi se manie comme un roadster, c’est bien plus étonnant ! Droite, gauche, accélérations, freinages sur l’angle, la Norge ne semble plus rien peser, se jouant des méandres du bitume comme qui rigole…

Un tel équilibre pour une telle masse en mouvement est un plaisir à vivre, alors on en redemande, au point de mettre l’ABS dans l’embarras et de pester face à l’absence de freinage intégral, toujours utile sur une machine de ce poids et de ce gabarit. D’autant que chez Guzzi, on l’a monté de série sur toute la gamme pendant 15 ans !

Verdict. La Moto Guzzi Norge GT 8V est une réussite. Tous les défauts originels ont été balayés et c’est à une machine aboutie à laquelle on a désormais affaire. La Norge est bien plus « fun » à rouler qu’une Yamaha FJR ou qu’une Honda Pan European, même si elle reste un ton en dessous de la référence, la BMW R 1200 RT. Mais à 14.990 euros, équipée comme elle l’est, son rapport prix/prestations/plaisir est imbattable !

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