Essai

Il est des essais dont la perspective fait tout accepter, dont un vol « low cost » des plus matinaux. C’est le cas avec cette Brutale 675 (B3 pour les intimes) qui nous attend à Varese. D’emblée, on ne peut que s’extasier sur sa ligne. De la sportive « F3 », elle partage un joli bagage technique : cadre mi-treillis mi-platines moulées, monobras, échappements, tableau de bord et le 3-cylindres 675 cm3.

Mais pour réduire les coûts, quelques concessions tout de même : fourche non-réglable, l’amortisseur n’offre que la précontrainte et les spécifications moteur sont moins élevées (fini les soupapes titane, par exemple). Le bloc a été dégonflé pour mieux cadrer avec un usage « roadster », ce qui se traduit par des valeurs de couple à la baisse. S’agissant de la finition, la Brutale fait cohabiter le bon (qualité des peintures, ajustages des éléments, maîtrise des moulages) avec le moins bon (garde-boue avant non peint, nombreuses connexions électriques visibles et mal intégrées à la moto).

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Briefing exécuté, nous prenons possession des motos. Le moteur se cale sur un ralenti qui mêle râle d’échappement et bruits mécaniques divers. En route vers les petites rues étroites
 de Varese. Bonne surprise, l’injection semble maintenant bien mieux maîtrisée que sur la « F3 » essayée dans notre numéro d’été. 
Pas d’à-coups, des prises de tours souples, seule la résistance progressive et caoutchouteuse de la poignée de gaz est déroutante au début.

En revanche, entre un faible rayon de braquage, une boîte de vitesses dure quand on l’utilise dans
 les bas régimes et de fortes remontées 
de chaleur sur la cuisse gauche, la Brutale se désintéresse du juteux marché des deux-roues urbains !

Le plein de caractère

Il est temps maintenant d’enquiller les petites routes autour du « lago di Varese ». L’occasion de découvrir le caractère prometteur de ce trecylindri, qui se divise en trois phases. Sous les 3.500 tours, il se contente de vous déplacer avec bonhomie, capable de reprendre « tranquillou » en 6e à ce régime.

De 4.000 à 7.000 tours, on commence à profiter d’un caractère nerveux, bien trempé, avec une sensation de couple bien présent. Mais c’est passé la barrière fatidique des 7.500 tours que le bloc MV dévoile son véritable caractère... montées en régime hystériques, franche poussée dans le bas du dos et un son qui déchire l’atmosphère à vous hérisser le poil. Bienvenue au paradis !

Le châssis n’est pas en reste. Malgré des suspensions simplistes, il montre lui aussi un sacré potentiel : les mises sur l’angle sont précises et la stabilité en courbe rapide est sans reproche. Elle n’a qu’un défaut, une nervosité excessive due à l’association d’un empattement court, d’un angle de chasse fermé et d’un poids tous pleins faits aux alentours des 185 kg. Le freinage, quant à lui, donne entière satisfaction pour l’avant, alors que le frein arrière offre un mauvais feeling.

Verdict. Malgré son jeune âge, la 675 Brutale est une moto aboutie, avec un gros potentiel. Concurrente désignée de la Triumph Street triple 675, la « B3 » a pour elle un moteur aux gènes sportifs exacerbés, une ligne moderne, beaucoup de technologie (antipatinage, modes cartographiques, etc.), un nom prestigieux et des prestations d’ensemble qui la hissent d’emblée au rang de concurrente sérieuse. Reste le prix de 8.990 € « départ usine », auquel il faut ajouter près de 500 € de conditionnement et de transport, soit 1500 € de plus que la Street 675. Une différence qui place toujours la Triumph comme le meilleur rapport prix/prestations. Mais pour combien de temps ?

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