Proposer aux jeunes et nouveaux permis une moto abordable qui les mènera plus tard au modèle phare de la marque, telle est la stratégie des constructeurs avec la gamme naissante des 300 et 400 cm3. Yamaha ne déroge pas à la règle et présente depuis 2015 sa « R3 » comme le palier à franchir avant d’accéder aux véritables supersport et hypersport que sont les R6 et la R1. Appuyée par l’apparition de la catégorie en championnat du monde de Superbike, mais surtout forcée par la réglementation restrictive du permis A2, la formule commence à prendre, et la petite R3 se devait d’évoluer face à ses nombreuses concurrentes, Kawasaki Ninja 400 et KTM 390 RC en tête. Au programme, un nouveau carénage qui rappelle le look de la R6, une fourche inversée elle aussi plus valorisante et un tableau de bord remis au goût du jour.

Sportive ou mini sport-tourisme ?
Installé à ses demi-guidons bracelets, plus ouverts et réajustés au-dessus du té de fourche ajouré façon M1 de MotoGP, le pilote qui sommeille en vous se croira effectivement au guidon d’une moto de plus grosse cylindrée. La position de conduite légèrement penchée sur l’avant n’est pourtant pas inconfortable en ville, grâce à une selle encore suffisamment basse (780 mm) et d’un moelleux rare pour la catégorie. Assis « dans la moto » et bien protégé par le carénage redessiné – qui permettrait de gagner 8 km/h en vitesse de pointe –, on se sent particulièrement à l’aise pour balancer cet ensemble léger d’un virage à l’autre (167 kg avec les 14 litres dans le réservoir revu). Homogène, la partie-cycle profite de nouvelles suspensions de qualité (notamment la fourche inversée KYB de Ø 37 mm) offrant enfin un excellent compromis entre souplesse et précision de guidage. Notons cependant que seul l’amortisseur arrière est réglable, en précharge et en détente.

L’école du sport
Inchangé, si ce n’est le dessin de sa ligne d’échappement, le moteur se montre facile à appréhender à défaut de manifester du caractère. Calé à 180°, le bicylindre de 320 cm3 dispose d’une boîte de vitesses précise et de suffisamment d’allonge pour atteindre les 190 km/h compteur sur le circuit. Les reprises sont loin d’être décevantes, même si la concurrence, grâce à une cylindrée supérieure, fait légèrement mieux avec un surcroît de chevaux et de couple. La R3 montre aussi une certaine sobriété, sa consommation lors de notre essai sur route s’étant avérée inférieure à 5 litres aux cent. Au moment de saisir le levier de frein, on regrette tout de même que Yamaha ait conservé cet étrier double piston à l’avant, peu mordant, et son maître- cylindre au levier non réglable pénalisant les petites mains. Lors des freinages appuyés, il vient même rapidement écraser les doigts restant sur la poignée. Pas très heureux pour une sportive même si, en dépit de ce point décevant, elle s’avère somme toute particulièrement adaptée à l’apprentissage de la piste, comme nous l’ont prouvé les jeunes pilotes officiels Yamaha durant toute cette présentation.

Le verdict
Facile à prendre en main, d’une ligne agréable et économique à l’usage, cette R3 aligne de nombreux arguments pour séduire les jeunes permis A2... Proposée à 5 899 €, elle s’aligne sur la concurrence, mais se retrouve aussi face à des machines d’occasion de 48 chevaux plus valorisantes et plus faciles à revendre, type MT-07. À moins que la clientèle sportive ne se redéveloppe sérieusement en France...

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